Entre 1845 et 1852, un champignon est à l’origine de la Grande Famine en Irlande, qui prive les plus pauvres de leur seule ressource en détruisant en quelques mois la quasi-totalité des cultures de pomme de terre.
Des centaines de milliers d’Irlandais vont alors prendre la direction de l’Ouest, vers les Etats-Unis.
Cette diaspora Irlandaise en Amérique va répercuter la lutte pour une Irlande libre, débarrassée de la tutelle Britannique, en créant en 1858 la « Fenian Brotherhood », ou confrérie des Féniens, tirant son nom du héros de la mythologie Irlandaise, Finn Mac Cumaill.
Incorporés dans les armées Unionistes et Confédérées pendant la guerre de Sécession, les Féniens Irlandais vont s’aguerrir aux combats, et formés à la fin de la guerre, une véritable armée composée de milliers de soldats expérimentés, auxquels s’ajouteront des Afro-Américains et des Amérindiens Mohawks.
Les dirigeants de la « Fenian Brotherhood » vont élaborer des plans visant à combattre le Royaume-Uni directement sur le sol Canadien.
Ainsi, entre 1866 et 1871, cinq raids armés, d’importance et de résultats différents, vont avoir lieu sur la frontière des Etats-Unis et du Canada, avec l’assentiment officieux, dans un premier temps, des autorités Américaines.
Ces combats n’auront qu’un effet limité sur l’indépendance de l’Irlande, qui ne sera proclamée qu’en 1916 et reconnue comme telle qu’en 1922.
Parallèlement, les raids encouragèrent les Canadiens à la création de la Confédération Canadienne en 1867, rassemblant les différentes Provinces du Canada en une seule entité, indépendante du Royaume-Uni.
Découvrez notre Nouvelle correspondante aux Raids Féniens. Oranmore House
Petite touche irlandaise dans une recette délicieuse de viande fondante et confite au miel, teintée d’une légère amertume et de puissance apportée par un mijotage lent dans une bonne bière brune Irlandaise.
“Joue de porc à la Oranmore House”
Préparation : 15mn Cuisson : 2h30 Pour 4 à 5 personnes
Ingrédients
1,5 kg de Joue de porc 2 oignons 200 gr de lardons fumés 1 grosse cuillère à soupe de miel 1 bouteille de bière brune Irlandaise (type Guinness) Huile d’olive et beurre Sel, poivre
Réalisation
Epluchez et émincez les oignons. Dans un faitout, faites fondre le beurre avec l’huile d’olive, et faites-y revenir la viande quelques minutes. Retirez la viande, et faites revenir les oignons et les lardons dans le jus de la viande. Remettez la viande, et ajoutez le miel. Enrobez bien le tout.Couvrez avec la bière, salez, poivrez, et laissez mijoter à couvert sur feu doux pendant 2 heures environs. La viande doit être fondante. Vous pouvez remplacer la joue de porc par des gésiers de volaille frais.
L’enfant s’installa confortablement, se pelotonna sous sa couette, et posa sa tête sur un oreiller moelleux. La chambre était rangée comme l’est celle d’un enfant de dix ans. Son père éteignit la lumière principale, se fit une place sur le rebord du lit, et reprit la lecture à l’endroit indiqué par un marque-page représentant un zèbre à lunettes. Il s’éclaircit la voix et chercha des yeux la suite du récit. L’enfant regarda fixement les lèvres jointes de son père, qui s’ouvrirent sur un monde… Comme un tourbillon, il fut emporté sur la terre bleue des possibles…
« Les quelques mètres à travers les buissons devenaient pénibles. Les branches fouettaient le visage et les ronces déchiraient le tissu et lacéraient la chair des jambes. Enfin, la végétation devint plus éparse et accommodante, en haut du promontoire. De là, un paysage densément boisé étalait son manteau de pourpre verte. Quelques hommes robustes attendaient en désignant de leur arme de pierre la silhouette montagneuse, solitaire et robuste, perdue dans cette immensité tourmentée de vallons, de rivières sauvages, où chassent l’ours et le loup. Les hommes poussaient des cris aigus, et s’agitaient. Ils semblaient pris d’une fièvre guerrière emprunte de peur sacrée. Champlain regarda la bosse rocheuse que les Wendat, ou Hurons, appelaient « Montagne ». « Nous pouvons y arriver demain, en fin de journée. » François Gravé parlait en connaisseur. Élégamment vêtu, il n’en fut pas toujours ainsi. Grand, rasé de près, le visage buriné par le temps implacable de la vie au grand air, il était arrivé quelques années plus tôt. Cherchant fortune, il avait tout tenté. Il savait la difficulté et la lente progression, dans cet environnement hostile et sauvage de ces terres Canadiennes, pour y avoir fait la traite des fourrures. Mais ce qui l’inquiétait semblait bien plus terrible que l’ours ou le loup. C’étaient les Iroquois ! Ce peuple Amérindiens, de guerriers fiers et redoutables, ennemis héréditaires des Hurons, des Montagnais et des Algonquins, avec qui Samuel de Champlain et ses compagnons Français avaient signé un pacte d’alliance qui les liaient, indiscutablement, à cette lutte fratricide séculaire. Ce majestueux panorama s’enfonçait en terre adverse. La voie longeant le fleuve impétueux du Saint-Laurent s’enfonçait profondément dans les Hautes Terres et donnait accès à des ressources immenses. Mais ce climat de guerre incessant, perturbait le commerce de la traite des fourrures, première économie de la toute jeune colonie de Québec, fondée un an auparavant en 1608. Samuel de Champlain et ses compagnons devaient y mettre un terme. Samuel fixa la montagne, balaya du regard les environs couverts de forêts obscures, et retourna au campement.
Le feu brilla longtemps dans la nuit. Les Hurons allaient et venaient, bavassant dans leur langue. Un Français, habillé à la mode autochtone discutait joyeusement avec eux. Habillé d’une veste de peau et de jambières à franges, il était jeune et beau. Il avait rapidement pris et compris les coutumes Indiennes. Pendant un an, Etienne Brulé vécut au milieu des Hurons, et appris leur langue. Fidèle compagnon de Samuel, il lui servait d’interprète. Par la suite, il deviendra un des plus grands explorateurs d’Amérique du Nord. François Gravé lui demanda de se présenter sous la tente de Champlain. Une dizaine de français faisaient partis de l’expédition. Samuel de Champlain, Charentais au charisme imposant, un visage massif, la barbiche fière, trônait au milieu des français, penchés sur une carte de parchemin. Le chef Huron Arendarhonons montra de son doigt un point invisible sur la carte, et dit des mots que personnes ne comprit. Dans l’obscurité vacillante des lampes, un homme à la peau sombre, plus que les autres, traduisit les paroles du vieux chef, en parfait français. C’était Mathieu Da Costa, originaire de quelque part, d’un pays de terre rouge d’Afrique. Lui-même ne savait pas d’où. Résultat possible et terrible de l’esclavage. Le financier de Champlain et de la colonie, Pierre Dugua de Mons, avait rencontré Mathieu Da Costa à Amsterdam lors d’un voyage. Il avait été immédiatement séduit par ses capacités. Parfaitement polyglotte, Mathieu Da Costa avait une facilité dans l’apprentissage des langues et une grande intelligence. Dugua lui avait proposé l’aventure, de l’autre côté de l’océan, et lui, avait dit oui. Premier homme libre d’origine Africaine sur cette terre inconnue, il avait, depuis son arrivée, appris les dialectes Amérindiens avec une rapidité déconcertante. Il était, avec Etienne Brûlé, l’un des interprètes de la colonnie. « Voici la montagne du Vieil Homme, et nous sommes ici. » Ils touchaient au but. Leurs alliés Hurons et Montagnais leur avaient raconté la légende. Le Vieil Homme de la Montagne était le chef spirituel des Iroquois et des Agniers. C’était aussi un magicien craint. Et tout traité de paix devait être approuvé par cet étrange ermite. A défaut, il faudrait faire la guerre, et la gagner une bonne fois pour toute ! On discuta encore quelques temps du trajet à suivre et d’autres choses, du pays, qui manquait, et l’on partit se coucher. Le matin était frais. Le cui-cui des Roselins pourprés magnifiait les hauts pins environnants. Les traces du campement disparurent rapidement, et la troupe hétéroclite s’ébranla à travers les bosquets de feuillus. Des gaillards Indiens, chargés comme des mules, ne paraissaient pas souffrir à côté des français, tout aussi chargés et chancelants. La journée passa. Le ciel resta dégagé, même si au loin, on apercevait des renflements cotonneux qui s’obscurcissaient à mesure. Les hommes regardaient constamment derrière eux, dans l’ombre des bois, l’imagination collective percevait d’étranges silhouettes, glissées entre les troncs. Les nuées de passereaux s’envolaient, effrayés par d’invisibles dangers. Et la troupe se sentie suivie, épiée.
En fin d’après-midi, enfin, on arriva à quelques lieues de la montagne. Le campement fut monté. Les Hurons n’iraient pas plus loin sur cette terre maudite. Les amis Indiens protégèrent le camp, commandés par leur chef, le Sagamo Arendarhonons. François était inquiet, comme le laissait percevoir cette ride exagérée qui lui barrait le front, et s’en confia à Samuel. « Nous ne savons pas ce que nous allons trouver là-haut. » « Un espoir de paix, je l’espère. » « Comment comptes-tu t’y prendre ? » « Je veux proposer une ‘Ligne des Amitiés’, bénéfique pour tous, séparant les terres et les influences Iroquoises de notre Nouvelle-France. » Une première ‘Ligne des Amitiés’ avait été conclue en 1494 par le traité de Tordesillas. Elle reconnaissait le partage du monde entre les deux puissances principales, du Portugal et de l’Espagne. Un simple trait sur une carte, un méridien passant au large des Iles du Cap-Vert. A gauche de cette ligne, les terres seraient possessions d’Espagne, à droite, au Portugal. Le Pape y avait apposé son sceau Pontifical. Cette ligne interdisait aux autres nations d’y revendiquer des terres et de s’y établirent. A la Suite de la guerre Franco-Espagnole de 1595-1598, la paix de Vervins fut signée. En 1598, elle mit fin à la rivalité des deux royaumes. Une clause secrète du traité concernait une nouvelle ‘Ligne des Amitiés’. Un nouveau trait sur la carte, passant cette fois sur l’Île de Fer, aux Canaries. Cette ligne servirait désormais de premier méridien, deux cents ans avant celui de Paris en 1792, puis Greenwich en 1884. Cette clause secrète, autorisait désormais la France à traverser l’Océan, sans molestations de la part des Espagnols, qui acceptèrent ainsi le partage de leur monopole, attribué jadis par sa Sainteté Alexandre VI. Les Français pourront s’établir en Amérique, à leur risques et périls. Car les Espagnols autorisent la traversée, mais se gardent le droit d’intervenir selon leurs intérêts, sans répercussion possible, sur le continent européen entre les deux royaumes de France et d’Espagne. A l’Ouest du méridien de l’Île de Fer, la zone devient donc un No Man’s Land ouvert aux audacieux, où guettent les galions Espagnols et où seul les plus téméraires s’y aventurent. Champlain et ses compagnons ont profité de ce nouveau partage. Et la Nouvelle-France en est le fruit, encouragés et armés par le roi de France Henri IV.
On forma le régiment. Samuel de Champlain, Mathieu Da Costa, François Gravé, Etienne Brûlé, et six autres volontaires Français, de la toute jeune colonie de Québec firent l’ascension. Par prudence, la cordée avait emmené les arquebuses. Deux heures plus tard, un chemin de pierre et de rocailles imprimait sa silhouette sur le flanc rocheux. Les explorateurs l’empruntèrent. Le camp avait disparu, tout en bas, dans les brumes de fin de journée qui tapissait la cime des arbres d’un voile opaque. Quelques fois, des éboulis de pierres risquaient de blesser un homme.
Alors la montagne découvrit ses entrailles. Une ouverture perçait la roche. La caverne était sombre, et lorsque s’approcha les premiers hommes, des corbeaux lugubres donnèrent l’alertes en croassant méchamment. Un grognement fit écho sur les parois de la grotte. Les soldats armèrent les arquebuses. L’ombre immense, fit craindre l’attaque d’un ours. Bientôt découvert au soleil faiblissant, l’apparence de la bête qui sortait de sa crypte, balançait entre l’homme et l’animal.
Une crinière folle, hirsute et brune semblait mut de serpents horribles. Une barbe buissonneuse de ronces aiguisées, un visage blême, et au milieu, à la place des yeux, deux points immenses, qui semblaient deux brasiers infernaux. La stature haute et droite et sauvage, les gestes saccadés, l’homme, car s’en était un, s’arrêta à la frontière sépulcrale de son antre. Ses yeux cherchaient à s’acclimater aux couleurs vives de la vie.
A cette vision dantesque, la troupe eut un mouvement de recul, sauf Champlain, qui resta ferme sur ses jambes bandées de ses muscles puissants.
L’homme, ou la bête, ou les deux, fut surpris de la majesté du commandant. D’une main osseuse, il dégagea brutalement, de devant ses yeux enfoncés, des mèches de crins qui lui servaient de cheveux.
En guise de sceptre, le vieux roi penchait sur un long bâton de chêne rongé de vermine.
Son grand corps était recouvert d’une sorte d’étrange tunique orientale, descendant jusqu’aux chevilles, décousue, recousue et usée. Une large ceinture de tissu serrée autour de la taille laissait percevoir la maigreur du personnage. A certains endroits de sa robe, la couleur était encore d’un rouge vif, ailleurs un dégradé de brun délavé.
Une voix caverneuse fit trembler l’air ambiant, et les corbeaux se turent.
Da Costa comprit, lui, le polyglotte.
« C’est la langue aztèque des Iroquois. Il demande qui nous sommes et ce que nous voulons. »
D’une voix ferme de chef, Samuel parla.
« Je suis Samuel de Champlain. Avec mes compagnons, nous avons traversé l’immensité de l’Océan. J’apporte la paix de mon Roi. »
Le vieux fou saccadait des mouvements de tête, comme attaqué de milliers d’abeilles. Sa voix crachait, et hurlait, et sifflait…
« Je ne suis en guerre avec personne et je ne connais pas ton roi ! »
« Vieil homme, je ne te cherche pas querelle, ni à toi, ni à ton peuple. Encore une fois, écoute mes paroles. Je viens proposer une paix équitable et bénéfique pour tous. Nous avons marché longtemps pour venir jusqu’à toi. »
Samuel, sûr de lui, ramassa de la poussière de roc, et poursuivit…
« Dans cette main, j’apporte la paix. Dans celle-ci, j’apporte la guerre. Choisit judicieusement, Vieil Homme. »
Le vent s’était levé en même temps que le soleil plongeait dans l’horizon. Le ciel, là-bas, rougeoyait.
Le vieux de la montagne se redressa, encore plus droit sur son sceptre. Son regard s’enflamma et sa bouche se tordit dans un rictus animal qui dévoila ses dents blanches carnassières.
Il s’arc-bouta sur les os de ses jambes, et menaça le groupe de son bâton de bois. Des rafales de vent insufflait la vie à sa crinière folle, qui dansait de soubresauts.
« Tu es l’Ami de mes Ennemis ! Je sens leur puanteur infecte vous suivre, elle vous colle à la peau comme un cadavre dans un marécage putride. Tu parles de paix avec des armes de guerre ! Ton Roi est-il à ce point faible pour ne pas négocier lui-même ? »
Samuel ravala sa colère qui rougissait ses tempes et battait dans sa poitrine.
Le visage du magicien était encore nappé d’obscurité ténébreuse.
En parlant, il avança d’un pas, baignant son visage d’une clarté crépusculaire.
Le commandant des français sursauta de surprise. Ce visage n’avait rien de la peau cuivrée des Hurons, ou des Iroquois, ou des Montagnais. Cette tête, blafarde, aux pommettes saillantes, Samuel la connaissait.
Et le Vieux fou Biblique continua sa harangue.
« Moi, Sinbad, coureur des mers inconnue, Dieu de la Montagne et des Iroquois, Maître du vent, du ciel et de la foudre, je vous maudis ! Vous qui souillez mon domaine de votre arrogance ! La terre se déchirera sous vos pieds, et vous serez avalés dans les flammes infernales ! »
Un éclair zébra l’air, suivit d’une forte détonation, laissant une odeur de soufre. Les nuages noirs s’amoncelèrent, et la tempête se déchaîna. Les soldats avaient peur.
La robe du magicien claquait dans la furie des éléments. Le vieux fou écumait une mousse blanche qui s’étalait sur sa barbe.
La poussière piquait les yeux, et bientôt un épais mur gris enveloppa la troupe d’explorateurs. Les jambes fléchissaient sous les coups de boutoir de la tornade.
Un des soldats trébucha, et les rafales l’emportèrent comme les serres d’un rapace géant, et il disparut à jamais dans le tourbillon immense.
Le magicien s’était dissout en milliers de grains de sable volcanique, fouettant les visages à sang.
Enfin, la troupe put se mettre à l’abri. La tempête s’apaisa. Le ciel bleuit sombrement à l’Ouest. Le maëlstrom disparut. Un deuxième soldat avait été emporté.
L’entrée de la grotte était déserte. Samuel se redressa. Une cascade de poussière grise glissa de son dos à mesure qu’il s’élevait. Les hommes semblaient être des statues de pierre. Encore étourdis, ils s’approchèrent de l’obscurité. L’odeur était acre.
Les soldats frissonnants restaient sur leur garde, les arquebuses pointées en avant. Samuel dégaina son sabre. Etienne flamba une torche, puis deux, et la troupe s’engouffra dans une nuit plus noire encore.
La grotte n’était pas profonde. Une couche de paille éparpillée et sèche dessinait une étoile imparfaite autour d’un reste de feu. Quelques mobiliers de bois austère habillaient les parois sombres.
Un peu reclus dans la pénombre, un passage, presqu’invisible, donnait sur une autre pièce. Les hommes furent stupéfaits. La salle n’était qu’empilement squelettiques, d’os blanchis. Des dizaines de corps, respectueusement disposés, certains bizarrement, dans des positions grotesques, donnaient à la pièce une atmosphère morbide et malsaine.
Samuel y découvrit un manuscrit en papier grossier, enchâssé dans l’orbite vide d’un crâne luisant. Il profana l’hôtel macabre, et glissa le rouleau sous son épaisse veste de velours.
On ne découvrit rien d’autre que l’effroi, dans ces catacombes païennes, et l’on s’enfuit de ce cimetière suintant.
Dehors, la troupe respira de grandes goulées d’air frais, et les esprits tremblaient encore devant la vision floue du Magicien se volatilisant dans la tempête.
On but l’eau des outres, et sans attendre plus longtemps, les hommes prirent le chemin du retour.
La nuit était tombée lorsqu’ils arrivèrent enfin aux feux réconfortants du camp.
Les Indiens, curieux et murmurants, firent cercle autour des français exténués, et les pressèrent de questions.
On mangea, on but, et l’on exagéra ce que l’on ne pouvait expliquer des évènements passés là-haut, dans la montagne.
A l’écart, sous la tente, le Sagamo Arendarhonons écouta attentivement Samuel de Champlain.
« Ce prétendu Sinbad n’est autre que Zabaleta, le chef de la colonie des pêcheurs Basques de la Terre-Neuve, au détroit de Belle-Isle. Je l’ai rencontré une première fois, de retour de France, à Tadoussac, au poste de Traite des Fourrures. C’est un foutrement bon chasseur de baleines, et j’ai eu affaire à lui une deuxième fois lorsque ses compatriotes se sont lancés en toutes illégalité dans le commerce des fourrures de Castor, contournant le monopole de notre colonie.
Devant se battre constamment contre les Pirates Anglais qui les harcèlent pour piller leurs cales remplies d’huile des Géants Cétacés, ces farouches chasseurs de baleines se sont tournés vers les terres, moins risqué et plus rentable.
La colonie Basque est infestée d’espions Espagnols, qui conspirent la destruction de nos établissements. Les Basques ont également dû faire face à de nombreuses attaques de tribus Inuits. Zabaleta aura certainement été fait prisonnier lors d’un de ces raids, et par je ne sais quel hasard, ce fieffé bandit s’est débrouillé pour se faire passer pour un Dieu aux yeux des Agniers…Maintenant, il n’est plus. Le vieux a peut-être été soufflé par la tempête. Et puisqu’ils refusent la paix, nous devons nous résigner à faire la guerre ! »
Samuel parlait, plongé dans ses pensées, allant et venant.
Mathieu Da Costa fit irruption sous la tente des chefs. Il tendit le vieux manuscrit enluminé d’étranges motifs, celui trouvé dans la grotte du magicien.
« Je l’ai déchiffré, Samuel. C’est du Persan. Je pense qu’il s’agit d’un livre de bord. Il semble appartenir à un certain Sindibad, de Bassorah.
Capitaine d’une flotte de trois navires, partie des côtes Levantines, en l’an de grâce 801. Au nom du Calife Haroun Ar-Rachid, ils ont exploré les « côtes Océanes jusqu’aux contrées recouvertes de glace ». Là, une tempête a dispersé le convoi. Sindibad et son équipage se sont échoués sur des rivages brumeux. Ils ont été recueillis par une tribu inconnue, nourris et soignés. L’auteur raconte que Sindibad et ses compagnons ont par la suite aidés la tribu dans une guerre contre des ennemis.
Ses compagnons vieillissants, Sindibad s’est peu à peu retrouvé seul, vénéré par la tribu qui l’avait sauvé, lui et les siens. Le récit se termine dans une langue incompréhensible. »
Samuel semblait dépité devant tant d’absurdités, et son esprit penchait ouvertement pour une mystification du Chasseur de Baleines Zabaleta.
« D’une façon ou d’une autre, Zabaleta aura eu connaissance, dans son pays Basque, d’un texte Andalou. Il l’aura recopié ou ramené sur la montagne, afin de tromper les Agniers de la nation iroquoise. »
François Gravé, Etienne Brûlé et Mathieu Da Costa étaient dubitatifs.
Le Sagamo Arendarhonons était resté silencieux. Il observait l’agitation des français.
Il tendit sa vieille main de chef pour faire silence. D’un geste, il demanda Etienne auprès de lui, prêt à traduire. Et assis, il parla.
« Samuel, je t’ai confié mon fils pendant une longue année où j’ai dépéri de le savoir si loin de moi. Tu l’as emmené de l’autre côté de l’Océan, dans ton royaume, pour qu’il apprenne ta langue et vos coutumes. Il m’a raconté vos temples et vos palais. »
Le Sagamo prit Samuel par le bras, et le tira doucement à lui, afin qu’il s’abaisse, tout à côté. Sa voix se fit plus douce, comme s’il parlait à un fils.
« Ici, tu es loin de ton pays. Ne balaie pas d’un revers de main ce qui te parait impossible. Cette terre, est une terre de magie, où les esprits vivent en harmonie avec l’homme, et font partie de notre réalité.
Pour toi, le Vieux de la Montagne est un pêcheur de baleines que tu as reconnu. Pour lui, il est Sinbad, un homme du passé, Capitaine de bateaux dans un pays lointain. Pour les Iroquois, il est Daganoweda, un esprit Faux-Visage, au destin divin, lié à la protection et à la réunification des tribus du Grand Fleuve.
Peux-tu dire qui a raison, et qui a tort ? Moi, je dis que chacun à raison dans sa propre réalité.
Samuel, tes yeux ne voient que la valeur des choses et non leur simple beauté.
Tu crois cela impossible. Et pourtant… Il existe un rituel bien connut. Lorsqu’un ennemi est sur le point d’être mis à mort au poteau de torture, et qu’une mère ayant perdu un fils, reconnait la réincarnation de l’esprit de son enfant défunt dans le corps du supplicié, alors elle a le pouvoir de le sauver. On délit ses liens, et l’homme est complètement libre, membre de la tribu. Il portera le nom du fils disparu, et part vivre avec sa mère adoptive.
De même, lorsqu’un personnage de grande importance meurt, une cérémonie consiste à emprisonner l’esprit du mourant pour le transmettre à une autre personne désignée, qui devient ainsi, le personnage décédé. Ses pratiques sont courantes, et admises de tous.
Ainsi sont réunis, au sommet de la Montagne, trois esprits, cohabitants dans un corps. »
Champlain et les autres français restèrent silencieux un moment. Samuel semblait troublé.
« Tes paroles sont sages, et je ne sais que penser. Mais cela ne doit pas nous faire oublier le but de notre voyage, et, de fait, notre échec. Je crains, messieurs, qu’il faille nous préparer à la guerre. »
La nuit fut longue pour les corps endoloris et les esprits tourmentés.
Le matin répandait sa rosée, et le jour était charmant. Pourtant déjà, les cœurs battaient du tam-tam sauvage, des tueries à venir. Et la beauté du jour fut gâché.
Les rudes guerriers, et la soldatesque française rebroussèrent jusqu’à Québec.
Derrière la palissade de rondins de bois et de pieux, les grands chefs alliés, les Sagamos, Hurons, Algonquins et Montagnais, festoyèrent et établir avec Champlain, la stratégie de guerre. »
Le 28 juin 1609, Samuel de Champlain descendit le fleuve Saint-Laurent avec deux puissantes chaloupes remplies de français volontaires, accompagné de trois cents guerriers de bronze amérindiens, peints des ors de la guerre.
Ils traversèrent le pays ennemi.
Le puissant fleuve tumultueux trimbala cette armée jusqu’aux confins du monde.
Les rivages boisés et les murmures inquiétants, résonnaient en écho les évènements mystérieux de la Montagne. Et bientôt, au compte-goutte, la troupe s’amincie. Des alliés Algonquins, Hurons, Montagnais, mais aussi français, prétextaient pour ne pas aller plus loin. Et ainsi, la rivière devint à double sens.
Plusieurs nuits, on dormit dans l’étroitesse des troncs évidés. Enfin, l’armée de pirogues déboucha dans un lac majestueux et large. L’eau scintillante avait la couleur du métal le plus pur.
Eblouit par tant de beauté, Champlain baptisa de son nom la liquide étendue.
Ils glissaient sur les eaux et pêchaient.
Le soir venu de cette même journée, au détour d’une anse parsemée de bois flotté, et où l’on cherchait un endroit accueillant pour la nuit, un groupe impressionnant de deux cents guerriers Iroquois surgit du brouillard naissant.
Les deux armées, surprises de ce face à face inattendu, balbutièrent quelques invectives et semblant d’attaques.
Samuel, à ce point diminué des désertions successives, pouvait compter pour la guerre, sur quatre-vingts Algonquins, Hurons et Montagnais, et deux français.
Les Iroquois, fortement contrariés de voir ainsi en toute impunité, les ennemis de toujours, voguer au cœur même de leurs terres, criaient, vociféraient, en levant les bras.
Immédiatement, on banda les arcs, on leva les rames et on amarra, à l’aide d’une corde d’écorce, toutes les pirogues entre elles, afin de former un mur meurtrier face à l’ennemi.
Les iroquois se réunirent sur la rive, et firent une barricade de leurs pirogues.
L’eau noire du lac reflétait la clarté d’une demi-lune. La nuit déloyale, où le guerrier ne distingue pas son frère d’arme, s’était abattu comme un lourd marteau de plomb sur le champ de bataille à venir.
Alors, les chefs des deux camps se mirent d’accord pour un combat, le lendemain.
Les féroces Iroquois installèrent leur campement sous les larges tilleuls odorants. Ils firent des feux qui sentaient bon la fumée de bois et la viande.
Samuel et ses alliés restèrent dans leurs barques, liés les uns aux autres, pirogues contre pirogues, Seigneurs du Lac. Les estomacs criaient et tournaient la tête. Les poissons eux, jouaient les fanfarons, et ne se laissaient pas prendre.
A la faveur de l’obscurité nocturne, le chef français débarqua secrètement sur la rive spongieuse, ses deux compatriotes. Il avait un plan, tendre une embuscade.
La nuit résonna de cris et d’insultes des deux côtés. Les hommes ne dormirent pas.
Samuel regrettait ses compagnons, François, Etienne et Mathieu, restés à Québec.
Bientôt, la flamboyance du soleil levant, donna le signal. On rompit alors les cordes qui entravaient les embarcations, et on rama ferme pour atteindre le rivage.
Regroupés, les guerriers se peignirent le visage et le corps des couleurs de la guerre, et ils chantèrent.
Un éclaireur Algonquin désigna à Samuel les trois chefs ennemis, bien visibles au milieu de la cohorte, reconnaissables à leur couronne de plumes écarlates.
Des deux camps on se chauffa d’injures, mettant en doute la virilité de l’adversaire. Les corps tatoués et peints brillaient de sueur. Le Grand Manitou ferma les yeux, et l’affrontement commença.
De loin, d’abord. Plusieurs bordées de flèches obscurcirent un temps le ciel bleu. Instant tragique et excitant des premières grimaces des premiers blessés. Un sirop vif, brun et rouge, dégoutta des blessures et attisa la meute.
L’hésitation du choc frontal et la mise à distance de l’adversaire, dissuadés par le tranchant des flèches, qui constamment s’élevaient pour s’abattre sur les peaux, était encouragé par un Samuel rageant des ordres de bataille.
La plage tremblait des jambes puissantes qui fourrageaient le sable. Des pierres frappaient de loin, lancées par un ennemi invisible.
Dans l’azur étincelant, un aigle tournoyait, méprisant ces pantins désarticulés qui étalaient toute leur carne appétissante. Aussi espérait-il y déchirer, bientôt, de larges lambeaux. Il attendait, porté par les courants ascendants, le silence gémissant des mourants.
A un signal reconnu, la troupe amie s’écarta vivement, faisant un passage à Samuel, qui s’engouffra furieusement dans ce corridor musclé. Avec la vitesse d’un fauve, il s’agenouilla dans le No Man’s Land séparant les deux camps, pointa son arquebuse chargée de quatre balles, trembla un peu, et tira.
La détonation fit sursauter les combattants ennemis, qui, jamais, n’avaient entendu d’arme à feu. C’était un bon tireur, et deux chefs Iroquois tombèrent, morts.
Le temps fut suspendu, immobile, comme la fourmi prisonnière de l’ambre jaune.
Soûlés de stupeur, l’hostilité guerrière Iroquoise diminua. A peine le combat reprit que, déjà, les deux soldats français déposés pendant la nuit, au secret des bois d’érables et d’épinettes blanches, tirèrent aux arquebuses.
Le troisième chef fut atteint mortellement. Sa blessure bouillonna goulûment, et sa poitrine s’affaissa.
Ces deux derniers tirs provenant du fond noir des sous-bois, dupèrent les Iroquois, qui crurent l’armée alliée en bien plus grand nombre qu’il n’y paraissait. Alors, le bloc ennemi se disloqua. On fuyait de tous côtés, hurlant cette fois de terreur. Et les Algonquins, les Montagnais et les Hurons, chargèrent la troupe en déroute. Les flèches perçaient la chair du dos ainsi offerte, les casses têtes défonçaient les os. Quelques rares combats singuliers eurent lieux entre les plus braves.
Des cris, des lamentations et des sanglots, puis un éclat, commun, formidable et victorieux.
La bataille était gagnée.
Samuel dénombra une trentaine de morts ennemis, seulement quinze blessés parmi les siens.
Les alliés célébrèrent l’exploit, mais dans la pénombre des forêts environnantes, des yeux pleuraient de rages et de vengeance future.
La compagnie rentra à Québec.
Les Agniers de la nation Iroquoise, jugèrent l’utilisation d’armes à feu déloyale et lâche. Cette victoire, loin de poser les bases d’une paix souhaitée et durable, fut au contraire, le préambule d’un siècle de guerres ouvertes et terribles, apportant son flot de misère et de désolation.
Plus tard, les Français et les Anglais se livreront des luttes sanglantes, manipulant les Nations Indiennes, au gré des combats et des alliances.
Bien des années passèrent…
François Gravé, vieillissant, mourra de retour en France, en 1629. Son navire sombra au large d’Honfleur.
Etienne Brûlé vivra et se mariera au sein de la tribu Huronne. Marcheur infatigable, curieux, il découvrira les Grands Lacs, le Michigan et explorera jusqu’aux terres du futur état de Pennsylvanie. Tombé en disgrâce auprès de Champlain, ses amis Hurons, avec qui il avait vécu vingt ans, se retournèrent contre lui, l’assassinèrent, et d’après la légende, le mangèrent. Il avait 41 ans.
Mathieu Da Costa mourut à Québec en 1619, en homme libre et traducteur expérimenté.
Samuel de Champlain renforcera et agrandira la cité de Québec. Il fera plusieurs voyages en France afin de trouver des financements nécessaires pour faire vivre et prospérer la colonie. Il meurt à Québec, en 1635, loin de sa femme restée en France, dans cette cité qu’il a rêvée et fondée, et pour laquelle il s’est tant battu. A ce jour, sa tombe n’a toujours pas été localisée. »
« FIN »
Les murs de la chambre étaient éclairés d’une douce lumière tamisée. Le père referma la couverture épaisse et rigide du livre. Le titre doré ressortait sur le cuir vert impérial. Sur la tranche il lisait, « Roman d’aventures »
Il soupira. L’enfant dormait profondément. Il le regarda quelques secondes, attendri, posa le livre sur la petite table de nuit bicolore, éteignit la veilleuse qui bourdonnait doucement, et sorti de la chambre à tâtons.
Tranquillement, dans l’obscurité, il bailla, et partit se coucher.
Sous sa couette imprimée de voitures rouges souriantes, le petit, bouillonnait plus qu’il n’en paraissait. Dans ses rêves d’enfant, il revivait des aventures épiques et palpitantes. Peut-être était-il l’explorateur Samuel de Champlain, ou l’un de ses compagnons, ou Sinbad, ou le Vieux de la Montagne, ou un chef Indien, ou un Pirate, ou un chasseur de baleine, voguant sur les mers déchaînées et les rivières sauvages.
Peut-être aussi, quelque part, aujourd’hui encore, faisait-il revivre Sinbad, le vieil homme, protecteur réincarné, poursuivant sa mission du haut de sa Montagne…
Dans ses rêves enfantins, sortis d’un roman d’aventures, tout était possible…
Note de l’auteur : Chers ami(e)s lecteurs(trices), comme vous l’aurez deviné, cette histoire est romancée. Cependant, seul l’épisode de la Montagne a existé dans l’imaginaire d’un enfant.
La chaleur lourde et étouffante et humide, fait transpirer les passagers du pick-up. Malgré l’ombre de la cacaoyère, les feuilles semblent s’être alliées dans un pacte secret pour amplifier l’effet ardent des rayons du soleil.
Au bout de la piste, d’abord petit et clair, le point grandit, les façades et le bâtiment prennent formes. La sensation de toucher au but est agréable. Bientôt, la fin du voyage, la fin de cette piste, défoncée, qui broie le dos.
L’entrée du domaine est intrigante, c’est une aventure en soi. Avec un portail monumental de crépi ocre, un style tout à fait asiatique, ouvragé de bleu et d’or et des motifs à la signification inconnue des voyageurs.
L’habitation se fond dans son milieu tropical. C’est une grande demeure d’architecte, moderne, aux formes cubiques suspendues, avec des balcons en bois clair, et de grandes baies vitrées. Le rez de chaussé est un immense espace de vie, transparent. Le lieu invite à l’apaisement.
Le pick-up se gare et les voyageurs descendent, fourbus. Le conducteur porte les bagages, il affiche un sourire qui ne s’est pas effacé depuis l’aéroport Coronel Horacio de Bahia.
Aussitôt, un homme au visage avenant et détendu arrive à la rencontre du couple de voyageurs. Sa chemise ample, d’une blancheur éclatante, ondule à chaque pas.
« Bem-vido ao propriedade Gumpo-Cacau ! »
Il ne sert pas les mains tendues, mais enlace chaque personne d’une chaleureuse étreinte.
Les présentations sont faites. Lui, c’est Jampa, le propriétaire du domaine. Eux, Pierre et Lucy, mariés, sans enfants.
« Bienvenue chez vous… ». Le geste de son bras invite les voyageurs à se diriger vers la maison. Il s’enquit du voyage, « pas trop long ? nous pourrions refaire la piste qui mène au domaine, mais mon père dit qu’elle perdrait son âme… ». Alors les voyageurs continuent d’avoir mal au cul.
La porte de verre est une frontière brumeuse entre la fournaise humide de l’extérieur, et la fraîcheur climatisée, un peu violente, de l’intérieur de la pièce-verrière. Le couple frissonne, la femme enfilerai bien son gilet, bleu azur, bien plié dans sa valise. D’ailleurs, elle se félicite de l’avoir emporté et de ne pas avoir écouté son mari.
Le conducteur du pick-up traverse la pièce en emportant les bagages. On boit un cocktail de bienvenue, très rafraîchissant, à base de Curaçao bleu et de crème de cacao (fabriquée sur place !).
Le conducteur du pick-up revient, toujours illustrant son visage d’un large sourire. Cette imperturbabilité expressive pourrait presque passer pour de la niaiserie. Une odeur très forte et très agréable de patchouli parfume la pièce, et l’effet lumineux des baies donne une clarté minérale, contrastant violemment avec le vert vif du dehors.
Abraão, c’est le nom du chauffeur au large sourire, accompagne Pierre et Lucy dans leur logement. Ils empruntent un couloir qui se détache de la partie principale de la maison, au bout, une porte coulissante en bois, tachée des nervures de l’arbre. La pièce est grande, bien plus que le prétendait la photo sur le site internet. Le couple est charmé. L’appartement où ils vont passer la semaine est élégamment meublé et agencé avec goût.
Ils défont leurs valises et Lucy se jette sur le lit, les bras et les jambes en croix, face aux longues portes fenêtres donnant sur la cacaoyère. Ils aperçoivent les grosses baies allongées et pendantes des cabosses contenant les fèves de cacao.
Aux dernières nouvelles des réseaux sociaux, à près de 8000 kilomètres du domaine Gumpo-cacau, le ciel lourd de février plombe les artères Parisiennes d’où sont originaires le couple, ce qui leur procure un bonheur supplémentaire. Leurs vacances débutent dans cette cacaoyère de filière biologique, qui propose des séjours au sein de la propriété, « repos, culture et cuisine », comme le promet l’annonce.
Un peu plus tard, Jampa leur fait visiter la maison. Il leur présente sa femme et ses deux filles. Son père, ils auront l’occasion de le rencontrer un plus tard dans la cacaoyère.
Ce petit homme ratatiné a les cheveux très blancs et la peau couleur café. Comme son fils, il a les yeux en amande. Les présentations sont rapides, Gyalpo, c’est son nom, baragouine quelques mots dans une langue inconnue en serrant les mains.
« Mon père s’excuse, il ne parle pas français, mais espère que vous passerez un agréable séjour. »
La peau de son visage est froissée de plis comme un parchemin antique. Malgré ses 90 ans, le vieux parcourt chaque jours la propriété, scrutant méticuleusement les cabosses de ses mains rabougries et enflées.
Les jours passent, « repos, culture et cuisine ».
Ils apprennent les différentes étapes de la culture du cacao, son extraction et les différentes applications, gourmandes et cosmétiques.
Jampa est un très bon guide et pédagogue.
« Regardez cette forêt. Comme un trésor fragile, le cacaoyer a besoin d’être préservé de l’éclat trop intense du soleil. Alors nous le protégeons en plantant d’autres arbres, des « Mères cacao », qui veille sur lui. A Gumpo-cacau, nous avons choisi les Manguiers. Et les arbres aux grandes fleurs rouge vif, ce sont des érythrines. Ensembles, ils forment une canopée idéale.
La culture du cacaoyer est affaire de patience.
Une fois planté dans la terre noire, il faut attendre trois années, pour que l’arbre donne ses fruits.
La récolte des cabosses est une étape délicate et difficile.
Trois jours plus tard, l’on procède à l’écabossage, qui consiste à ouvrir les cabosses à l’aide d’une machette, et récupérer les fèves.
Puis vient la Fermentation. On entasse les fèves dans des caisses en bois pour stopper la germination. Il faut brasser chaque caisses à l’aide de grandes pelles, tous les jours, pendant une semaine. C’est un travail fastidieux.
Les fèves doivent ensuite séchées sur de grandes bâches au soleil, pendant quatre semaines.
Maintenant, la grosse partie de la production est prête pour être ensachée et expédiée à l’export.
Nous en gardons toujours un peu pour nos fabrications locales.
Et pour le reste, le travail continue. Nous passons à l’étape de la torréfaction. »
Jampa, Pierre et Lucy prennent la Golfette électrique, pour se rendrent à la « Maison de Fabrication ». Là, les fèves sont torréfiées pour développer les arômes subtils du cacao.
« Suite à la torréfaction, les fèves ont pris une belle couleur brune. Elles vont être concassées et broyées pour récupérer la pâte de cacao.
Le pressage de cette pâte de cacao permet d’extraire une grande partie de la matière grasse, le beurre de cacao, qui va être ensuite réutilisé dans diverses fabrications chocolatières. Le rendu final du pressage, est cette galette assez compacte, que l’on appelle le Tourteau, et qui ne contient plus que 10 à 20% de matière grasse. Broyé, il va donner une poudre très fine, la poudre de cacao. »
La « Maison de Fabrication » est un bâtiment, à l’écart de la cacaoyère. Elle trône sur un lit de verdure, au milieu d’une grande clairière. Ses murs rouges sont peints des différentes étapes de la fabrication du chocolat. Le bâtiment n’est pas très grand et propre. Une pièce, à l’intérieur, est dédiée aux produits finis, sorte de boutique d’exposition, où l’on encartonne et on expédie les commandes dans toute l’Amérique du Sud, et jusqu’aux Etats-Unis.
« Le nom de la fabrique est en fait « la Maison des Sept Nuages et des Six Parfums ». Mon père avait observé pendant la torréfaction, sept types de fumées différentes, en consistances, et aspect, selon l’époque de l’année, la qualité des fèves, du bois utilisé pour le four, etc…, et six odeurs différentes, d’où le nom… »
Le domaine Gompo-cacau est vaste de plusieurs hectares.
Des pistes, empruntables par de petites voiturettes de golf, sillonnent la plantation.
En visitant la cacaoyère, les invités surpris, découvrent un dégagement où siège la statue d’un personnage divin, peint d’or écaillé, en position du lotus. Une bannière dort mollement dans l’inexistence du vent. Une main tient un trident pointant vers le ciel couvert des feuilles de manguiers, l’autre serre un coquillage, en forme de conque des mers. C’est un lieu de prière, tout à fait approprié. L’air sent le fruit et la terre humide. L’endroit est reposant. A côté, une jolie pergola de bambou invite à la méditation. Une surprise de plus dans ce domaine atypique.
Le séjour touche à sa fin après une semaine délicieusement riche.
La veille du départ, Pierre et Lucy dînent avec la famille de Jampa. Sa femme est une excellente cuisinière, ils découvrent de nouvelles sensations culinaires.
Et le repas satisfait l’esprit. Mais pas la curiosité de Pierre. Dans un coin de la grande salle à manger, posée sur un meuble en bois de teck, une photo encadrée, jaunie, noir et blanc. Un groupe d’une douzaine d’hommes, jeunes et plus âgés, habillés à l’ancienne mode sherpas de vêtements chauds, posent fièrement.
Le décor à l’air somptueux, de grandes gorges vertigineuses, et des pics enneigés. L’intrigue qui focalise, c’est les armes, de guerre, portées crânement. Chaque personnages, en bandoulière ou à la main, exhibent l’objet de mort. D’ailleurs, le vieux cadre diffuse une ombre lugubre, une sensation guerrière en émerge, de malheur imminent. Le temps parle à travers cette photographie, il semble fixé, retenir ces hommes de l’imminence de l’assaut qui vient.
Dans cette demeure, faite de calme, et de générosité, d’amour aussi, la photo dérange et semble ne pas être à sa place.
Pierre, innocemment, pointe du doigt la photographie, « Des personnes de votre famille ? ».
Gyalpo a grogné, il gesticule, et repose bruyamment son verre d’eau. Il frotte nerveusement ses grosses mains calleuses.
S’apercevant du malaise apparent, les jeunes hôtes bafouillent des excuses.
« Non, non, mes amis, ne vous en faites pas. Cette photographie représente des souvenirs émotionnellement forts pour mon père, mais votre question n’est pas déplacée. »
Jampa se lève et se déplace en direction du cadre qui trône discrètement sur la surface sombre du meuble. Il la prend d’une main, très calmement et la regarde affectueusement.
« Effectivement c’est une photo de famille. Mon père n’en parle pas beaucoup. Moi, je l’encourage à le faire. « Pour que la brûlure cesse, il faut retirer la main du feu », n’est-ce pas ? »
En parlant, Jampa a repris sa place. Il pose délicatement le cadre devant son père.
« Peut-être accepterais-tu de raconter ton histoire à nos amis?». Le fils parle calmement d’une voix emprunt de respect.
Gyalpo regarde intensément la photographie, sans rien dire. De ses mains qui ont connu l’usure du temps, comme deux pierres d’argent et de cuir, noircis et battus par la pluie et le feu, ses doigts tâtonnent vers le cadre.
Jampa l’encourage du regard.
Ses lèvres s’entrouvrent, tremblent, se ferment un moment, et s’ouvrent à nouveau. Le vieil homme parle en portugais avec un fort accent. Son fils Jampa traduit.
« Cette photo a été prise en 1955 à Jyekundo, au Tibet. Je suis le deuxième en partant de la gauche. »
Gyalpo passe le cadre à Lucy et Pierre en montrant de son doigt boudiné un jeune homme coiffé d’une énorme chapka de fourrure. Il tient maladroitement une mitraillette, un léger sourire crispé témoigne d’un certain embarras devant l’objectif.
La femme de Jampa et ses deux filles écoutent silencieusement l’histoire du grand-père qu’ils connaissent déjà.
« Moi, Gyalpo, je suis né au Tibet, dans un pays libre et indépendant. Le 07 octobre 1950, l’armée Chinoise a envahi mon pays. »
La phrase tombe comme une sentence.
Le vieil homme s’arrête, et hoquète.
« J’étais jeune et plein de feu en moi, et il m’a brûlé toute ma vie.
Il y avait un lac près de mon village. Lorsque nous étions enfants, nous y construisions de petits abris de pierres où nous jouions. Le soir, nous regardions l’immensité de la voûte étoilée. C’était magnifique. Avant, tout le monde pouvait venir chercher un peu de cette croûte de sel sur la rive, un beau sel blanc, avec des reflets roses. Le lac appartenait à tout le monde. Lorsque les soldats Chinois sont arrivés, ils ont détruit nos abris et ont fait payer chaque gramme de sel prélevé.
Alors un soir, avec quelques jeunes gens du village, nous nous sommes réunis, et nous les avons attaqués à coup de bâtons. J’ai ressenti une telle excitation, une rage de tigre…
Le lendemain, les soldats ont détruits nos Stupas de prière.
La colère s’est transformé en tempête hurlante. J’étais jeune et je volais sur des rêves de batailles oubliées.
J’écoutais depuis tout petit, à la lueur vacillante du feu, les anciens raconter les jours glorieux de l’Empire Tibétain, vieux de mille ans. Comment l’armée “des deux cent milles soldats” de l’empereur Trisong Detsen ont battues l’armée impériale Chinoise et envahies la capitale Chang’an de l’empire Chinois.
Un pilier a été érigé en commémoration de cette victoire. “La Tablette de l’Unité du Long Terme”. Le portail d’entrée du domaine que l’on emprunte en entrant, en est une reproduction en langue Tibétaine:
« Le roi Trisong Detsen est un homme sage et profond. La qualité de ses conseillers est reconnue, et ce qu’il fait pour le royaume est parfaitement réussi. Il a conquis et tient en son pouvoir beaucoup de provinces et forteresses chinoises. L’empereur chinois, Hehu Ki Wang (Daizong) et ses ministres ont été terrifiés. Ils ont offert un tribut annuel perpétuel de 50 000 rouleaux de soie et la Chine a été obligée de s’en acquitter. »
Je voulais me battre, défendre mon pays. Je ne connaissais pas le prix du sang.
Les Chinois ont imposé leur administration, et les Tibétains se sont révoltés.
Dans les années 50, un riche homme d’affaires Tibétain du nom de Gompo Tashi a créé le “Chushi Gangdruk”, une organisation clandestine de résistance armée, aidée, financée et entraînée par la CIA.
La tension entre l’Amérique et la Chine était vive. Cette dernière était accusée de soutenir le régime communiste de l’URSS.
Bientôt, 80 000 Tibétains ont rejoint la lutte. Nous recevions des fusils américains, et quelques fois dans nos montagnes, un agent de la CIA, habillé à la mode tibétaine, venait rencontrer des responsables de l’organisation.
Tenzin Gyatso, notre chef spirituel, 14ème Dalaï-Lama, faisait tout pour arrêter le bain de sang.
En 1958, j’ai été sélectionné, avec d’autres Tibétains pour un programme d’entraînement spécial. Nous avons été transférés dans un camp Américain, sur l’île de Saipan dans le Pacifique, puis dans le Colorado. Cela a été un choc pour nous. La plupart n’était jamais sorti du Tibet, la culture américaine nous était complètement inconnue. Et l’étouffante chaleur moite de l’île nous était insupportable. Nous étions loin de la fraîcheur pure de nos montagnes.
Nos instructeurs nous gueulait des ordres que nous ne comprenions pas, mais nous restions toujours très appliqués. On nous a enseigné l’art de la guérilla, du combat rapproché, du tir, et du saut en parachute. Puis, nous avons été discrètement ré-infiltrés au Tibet.
Quelque chose se préparait. En 1959, les soupçons d’enlèvement du Dalaï-Lama par l’armée chinoise devenait de plus en plus préoccupantes. Les gens avaient peur.
Alors, sous la pression populaire et américaine, Tenzin Gyatso, 14ème Dalaï-Lama, s’est enfuit en Inde, précipitamment, en traversant l’Himalaya pendant dix jours, accompagné d’une centaine de personne. L’opération était dirigée par la CIA. Nous bloquions des cols et des routes, pour éviter la poursuite de l’armée chinoise. Enfin, Le dalaï-Lama était sauvé et à l’abri, mais loin de chez lui.
Un jour gris ou le ciel était bas et menaçant, un camion transportant des soldats Chinois est arrivé près de notre position. Nous étions 9 combattants, cachés, là, dans les rochers, des deux côtés de la route. Le camion soulevait un nuage de poussière visible de loin. Arrivé à notre portée, nous avons ouvert le feu, sans sommations. Le camion a zigzagué et s’est écrasé dans un gros rocher en rebondissant. Le bruit des coups de feu et le choc du camion a emplit toute la vallée d’un écho lugubre… »
Gyalpo respire fort. Quelques fois, des mots Tibétains s’insinuent dans le récit, mais Jampa traduit.
Il prend la main crispée de son père et sourit. Mais le vieil homme n’a pas fini. Son esprit est resté prisonnier de ses souvenirs. Il retire doucement son bras, ferme les yeux, et continu…
« L’avant du camion fumait. Nous nous sommes précipités sur la toile kaki, fermée à l’arrière du camion. Le conducteur et plusieurs soldats étaient morts, mais d’autres étaient encore vivants… nous leur avons crié de se rendre, mais ils ont pointé leurs armes sur nous. Alors nous avons tiré, et nous les avons tous tué. »
Son bras tremble, comme s’il ressentait encore les rafales de l’arme. Son regard contemple une scène lointaine et sombre.
La famille de Gyalpo reste muette. Jamais il n’avait raconté cela.
« Le chushi gangdruk a continué de se battre quelques temps. Et au début des années 70, les relations entre les Etats-Unis et la Chine se sont détendus. Alors les américains n’ont plus soutenu l’organisation. La plupart des soldats Tibétains du Chushi Gangdruk ont été incorporés à l’armée Indienne.
J’ai essayé de retrouver ma famille, en vain. J’ai alors traversé les montagnes, et dit adieu à mon pays. J’ai vécu quelques temps en Inde. C’est là où j’ai rencontré ma femme et où nous avons eu notre fils Jampa. Puis la rivière du hasard nous a conduit ici, au Brésil. »
Il sourit à son fils. Cet homme, d’ordinaire silencieux, presque taciturne, semble libéré d’un poids, d’une ancienne blessure.
Un étrange silence bourdonne aux oreilles.
En rentrant, Pierre et Lucy ont l’impression d’avoir vécu quelque chose d’intime et de bouleversant.
Jampa les raccompagnent. Ils marchent tranquillement le long du corridor qui mène à la chambre du couple.
« J’espère ne pas vous avoir mis dans une position désagréable, mes amis, et je tiens à m’excuser si mon père… »
« Non ! absolument pas. Nous avons eu l’impression qu’il avait besoin de parler. C’était très intense. C’est nous qui devrions nous excuser d’avoir été trop insistant et curieux, nous n’aurions pas dû, pour la photo. »
« Ne vous inquiétez pas. Mon père vous aiment bien. Je crois que c’est pour cette raison qu’il a accepté de parler et se libérer, ce soir. Les souvenirs sont un feu ardent qui consume l’âme. C’est un homme qui a connu la guerre, et qui aspire à la paix. Et le temps passe bien vite…”
Sous un soleil toujours plus chaud, et après une heure de piste qui broie le dos et fait mal au cul, les deux voyageurs décollent vers une routine et un ciel bien morne.
Dans cette plaine, baignée de jungle Brésilienne, Pierre et Lucy ont découvert un monde de paix, de repos, de culture et de cacao.
Une recette de chocolat chaud épicé qui réveille les sens et apaise l’esprit.
“Hot Chocolate du Nouveau Monde”
Préparation : 10mn Pour un grand mug!
Ingrédients
30 cl de lait entier 2 cuillères à soupe de crème fraîche ½ tablette de chocolat noir, selon le goût voulu 1 bâtonnet de cannelle 1 pointe de couteau de piment de Cayenne 1 bouchon de Vieux Rhum Crème fouettée légèrement sucrée
Réalisation
Dans une casserole, à feu doux, faites chauffer le lait avec le piment, le bâton de cannelle, le chocolat en morceaux et la crème fraîche. Une fois le chocolat complètement fondu, retirez le bâton de cannelle, ajoutez le Rhum dans le fond du mug, et versez le chocolat chaud. Nappez votre boisson de Chantilly et savourez la chaleur et le bien-être qui vous envahit…
Thaddeus McRashley s’essuie discrètement les mains dans un mouchoir de soie au motif floral. Tout ira bien, il a l’habitude des présentations de projet, mais celui-ci est particulier, ambitieux, et certainement très lucratif.
Les regards silencieux tombent comme des flocons de neige sur la petite estrade, juste en-dessous d’un large portrait du membre le plus influent de l’histoire du Cénacle. Très cérémonieusement, Thaddeus McRashley prend place sur la marche, et embrasse du regard l’Assemblée.
Les tables ne sont pas encore débarrassées des reliques du repas. Les verres sont vidés ou remplis de vin ou de champagne doré. Des volutes de fumée grises et blanches s’échappent de gros cigares.
Son discours de plusieurs pages est agrafé dans le coin gauche. Il va en tourner régulièrement les feuilles au cours de sa présentation, bien qu’il l’eu appris par cœur.
Un homme, au premier rang, lève son verre en guise d’encouragements, et hoche la tête, comme pour donner son approbation.
La Haute Salle des Banquets est pleine d’une centaine de personnes, la totalité des membres, prêt à l’écouter.
Le début du discours défile en remerciements ronflants, longs et ennuyeux, de congratulations d’untel ou untel, rappel des cotisations, etc…etc…
Le plus intéressant vient après.
L’idée du discours, le pourquoi du dîner, ou point d’orgue de cette soirée… c’est la création du tout premier « Palace de détention » payant. La phrase est dite avec un ton magistral et appliqué, pour donner plus d’impact.
Les membres gesticulent sur leurs chaises.
Maintenant, il faut développer, McRashley ! Il s’y attèle, poussé par la fièvre du prédicateur.
« Le principe est simple, comme vous le savez tous, le businessman n’aime pas l’inutilité. Tout doit pouvoir être exploitable, c’est le job du Cénacle d’Osiris, les recoins sombres. Et c’est d’autant plus lucratif qu’ils sont totalement inexploités !
Le businessman est un colon, un missionnaire, un moine-soldat de la finance. Il aplanit, assainit, met en valeur et exploite.
La cible ? Rockall. Un affleurement rocheux dans l’Atlantique Nord. Un roc, sortit de l’Océan il y a des millions d’années, culminant à 17 mètres au-dessus des flots. 22 mètres sur 25, telles sont ses mensurations. Il se situe au centre d’un ancien volcan, depuis longtemps englouti par les flots tumultueux. Ses seuls occupants sont des Fous de Bassan, Mouettes, Fulmars et Bigorneaux. Les plus proches voisins doués de parole se trouvent à 370 km, en Ecosse, et 425 km des côtes Irlandaises.
Ce caillou a une histoire fascinante, et pourtant inconnue du grand public.
« L’île » est connue depuis au moins le 18ème siècle. Mais c’est au 19ème siècle que l’on s’y intéresse réellement. On expéditionne, on mesure, on cartographie et l’on réfléchit à ce que l’on pourrait en faire. Rien à priori. Alors on le laisse se couvrir de merde de mouette, de guano.
Jusqu’au début des années 50, Rockall n’appartient à personne et a le statut de « Terra Nullius », ou terre sans maître, et c’est bien cela le problème, car les Soviétiques pourraient avoir l’audacieuse idée de s’y installer pour espionner les essais nucléaires américains dans l’Atlantique Nord !
A peine évoquée, l’idée fait froid dans le dos. Aussitôt, le 18 septembre 1955 à 10h16, la Grande-Bretagne hélitreuille trois militaires et un civil, et au nom de sa Gracieuse Majesté, annexe l’îlot rocheux en une courte mais très « British » cérémonie.
Depuis, ce n’est pas ce téton de roc prétentieux qui attise la convoitise, mais son plateau continental sous-marin.
La Grande-Bretagne annexe, l’Irlande, l’Islande et le Danemark revendiquent. Un point minuscule dans l’immensité bleue crispe l’appétit, au nord de l’Europe.
Voilà pour l’histoire, brève et résumée.
Un rocher marin, perdu au milieu de l’Océan, inutilisé. Une aubaine, messieurs !
Maintenant, je vais faire appel, à l’aide des montages et créations graphiques, à votre imagination.
Que représente Rockall ? une fondation solide, un plancher de roc. Maintenant que nous avons la base, voici le Projet proprement dit.
Passons les détails trop techniques, un fascicule est disponible en fin de présentation.
Voici donc, un établissement de luxe, imaginé et conçu pour loger un hôte d’exception, privé de liberté. Autrement dit, et sans chichi, une prison…
Je vous présente : le « Rockall Purgatory Palace » ! »
Les regards dans la salle sont dubitatifs, pas encore convaincus.
« McRashley bon sang, passes la seconde ! »
La lumière se tamise, et le projecteur se met à ronronner doucement.
« A l’aide de matériaux résistants à la corrosion de l’eau de mer, nous allons accroître la surface habitable du rocher, qui se situe aujourd’hui et au sommet, en une petite plate-forme de 5m carré environ.
L’établissement ainsi créer sera composé de deux niveaux adjacents.
La première partie, une serre tropicale avec plancher de verre, piscine-jacuzzi et petite plage de sable, hammam et coin cinéma. En contre-haut avec accès par un escalier de fer forgé, style victorien, un restaurant gastronomique, avec vue panoramique à 360°, un coin bibliothèque et bureau. Une terrasse d’été pour les jours ensoleillés complète le niveau.
Le rocher en lui-même sera astucieusement creusé et aménagé pour les espaces de vie du personnel et de l’intendance, accessible par ascenseur.
L’objectif assumé est d’accueillir un « hôte carcéral » totalement libre de ses mouvements, tout en lui proposant un environnement en adéquation avec ses attentes, ses obligations et son style de vie.
Deux chambres supplémentaires complètent la ligne hôtelière du Palace en offrant toutes les caractéristiques d’un grand hôtel, dans un cadre unique, et pour une clientèle sélectionnée, en quête de repos ou d’inspiration artistique et littéraire ou simplement pour vivre et profiter d’une expérience inoubliable.
Le « Rockall Purgatory Palace » doit avoir la capacité d’accueillir une dizaine de personne à temps plein, hôtes et personnels confondus.
« L’hôte carcéral » aura la possibilité durant des périodes définies, de recevoir la visite d’invités, famille ou amis, par l’adjonction de chambres supplémentaires sur les flancs de l’hôtel. Ses chambres clipsables, ressembleront à des capsules de verres, capable d’être ajoutées à la demande.
Comme l’a écrit un voyageur, « visiter Rockall est la quintessence de l’héroïsme et reflète la bravoure et le caractère moral du voyageur ».
Un petit nombre de personne s’est donné beaucoup de mal pour escalader le rocher. Un homme a occupé son sommet pendant 45 jours d’affilés, record officiel. Venir à Rockall est l’ultime aventure.
Des activités annexes peuvent être développées. D’un simple débarquement de croisiéristes de quelques heures, le temps d’une visite et d’un repas au restaurant, à la création d’une série documentaire sur l’histoire du rocher et sa vie quotidienne, la liste est longue et n’a de limite que celle de notre imagination.
Par chance, depuis des siècles, les environs de Rockall ont connu de nombreux et dramatiques naufrages.
Pour exemple, en 1686, un navire de commerce espagnol à fait naufrage en heurtant les écueils, faisant plus de 200 victimes. En 1824 et en 1904, deux autres navires ont sombré, emportant avec eux 670 personnes dans un repos sombre et définitif. La localisation des épaves peut être un autre attrait touristique et historique à ne pas négliger.
Nos agents s’occupent déjà des questions législatives du dossier.
Nous préconisons également, la création d’un observatoire dédié à la faune du futur « Rockall Purgatory Palace ». Ainsi nous espérons assouplir la réticence des associations écologiques et autres.
Nos services financiers estiment un coût annuel, entre l’entretien et la masse salariale (les énergies sont principalement vertes et autonomes), à 500 000 dollars. Pour une nuit facturée à 10 000 dollars, sans les diverses activités annexes et optionnelles, nous pouvons envisager un revenu net annuel de 11 millions de dollars. Et le meilleur, la cerise sur le gâteau, c’est que le concept est exportable et franchisable ! »
Les yeux avides pétillent. Allez, le coup de grâce. Il faut improviser…
« Messieurs, cette idée, ce projet, vient d’une réflexion personnelle…
N’aimerais-je pas pouvoir anticiper et préparer un lieu paisible, à mon goût, comme le faisait autrefois les grands Pharaons en construisant leur tombeau royal, si par malheur, Dieu m’en préserve, je devais me retrouver enchaîné, à casser des pierres le long d’une route poussiéreuse ? … »
Grosses esclaffades de rires, et tapes de bucheron dans le dos. L’Assemblée est debout, les mains s’entrechoquent bruyamment en applaudissements. L’appétit carnassier du businessman est rassasié.
Les plaisanteries fusent.
« ha ha ha ! Monsieur le Président, c’est votre résidence secondaire ! »
« ha ha ha ! J’espère que tu me rendras visite Bob »
« ha ha ha ! Pourquoi pas, nous pourrions finir cette satanée partie de billard ! »
« ha ha ha ! Et ramène quelques filles avec toi ! »
« ha ha ha ! »
On félicite Thaddeus.
« Oui, je crois, et j’ose exprimer mon enthousiasme en termes populaires, que nous allons nous faire des couilles en or ! »
McRashley s’éponge le front et sourit. Son projet est approuvé.
Note de l’auteur : Le Cénacle d’Osiris n’existe pas, le projet du « Rockall Purgatory Palace », à ma connaissance, non plus. C’est une fiction ayant pour but de faire connaître l’existence du rocher et la véritable histoire de Rockall.
Circé la Magicienne Il est des lieux uniques, creuset de poudre et d’insolite, attirant des caravanes d’aventuriers et d’hurluberlus. Ces lieux sombres et magiques, qui illuminent les phares de la civilisation par son non-sens, voguent à travers le temps et l’espace, d’un continent à l’autre. C’est une ville qui change les Hommes. L’or rend fou, San Francisco est sa reine couronnée, sa déesse. Et San Francisco l’Espagnole, puis l’Américaine, accueille, au 19ème siècle, le Grand Meeting des chercheurs de pépites. Rassemblement connut sous le nom de « Ruée vers l’Or ». Beaucoup ont voulu se frotter à son fard doré, désirant y faire fortune, avant de connaître la déchéance. Il en est ainsi de beaucoup d’hommes, fuyants, abandonnant leur famille, et se découvrant l’âme entreprenante, violente, prêt à prendre ce qu’ils convoitent dans ce point unique, ouvert aux audacieux.
Le Loup, homme d’affaires
Après avoir passé plus de 20 ans en Afrique du Sud, Joshua Abraham Norton, libéré des attaches familiales après le décès de ses parents, s’embarque pour découvrir l’autre côté de l’Atlantique, direction le Brésil.
Après avoir fait fructifier l’héritage paternel, le Londonien de naissance reprend la mer. Les douces mélopées de la « Golden Rush » Californienne sonnent à ses oreilles d’homme d’affaires et l’attirent sur la côte Pacifique. Le 05 novembre 1849, il entre dans le port grouillant de San Francisco.
La bosse des sciences ou le photographe nomade
Frederick Coombs est phrénologue de métier. Cette spécialité qui étudie la forme et les irrégularités du crâne pour prédire les traits mentaux du sujet. C’est un expert et conférencier qui a déjà publié. Ce New-Yorkais a la bougeotte. Equipé d’un Daguerréotype, il effectue la traversée des Etats-Unis d’Est en Ouest, en vendant ses productions photographiques.
Dans les années 1860, harassé, il découvre au loin le toit des maisons colorées, accrochées aux coteaux de la jeune San Francisco.
Rat hunter !
La ville, comme beaucoup d’autres de son époque, doit lutter contre un fléau canin. Les chiens errants, tout comme leurs homologues humains, pullulent dans les rues sales de la cité naissante.
Des ordonnances municipales obligent alors à éliminer les cabots sauvages et sans domiciles.
Un Terre-Neuve noir et blanc va échapper à cette élimination. Nommé « Bummer », il doit sa survie à son talent exceptionnel de tueur de rats. En effet, là où sévit le Boom humain des débuts de la Ruée vers l’or, les rats et la vermine se précipitent.
Protégé des commerçants, aimé des passants, Bummer a l’âme chevaleresque. Lorsqu’un de ses congénères agonise à la suite d’un combat contre un CSD (Chien Sans Domicile) plus féroce que lui, Bummer, sans hésiter, le tire dans son repaire. Il le nourrit de ses mendicités, et le réchauffe de son pelage, la nuit venue. Les soins et la bienveillance ainsi prodigués, étonne la société interlope et fascine la presse. Tant d’humanité animale qui fait défaut dans la société toute puissante de l’Homme. Contre toute attente, le clébard survit. On le surnomme alors « Lazare ». Le ressuscité se révèle encore plus grand chasseur de rats que son protecteur.
Désormais inséparables, Bummer et Lazare captivent les journaux, qui relatent dans leurs feuilles, leurs exploits et leurs aventures.
L’Effet Papillon
Joshua Abraham Norton est une personnalité en vue dans la bonne société Franciscanaise. Depuis qu’il s’y est installé en tant que promoteur immobilier, les affaires lui sourit.
De l’autre côté du Pacifique, des événements tragiques vont bientôt se répercuter sur la grève américaine.
En Chine, la dynastie Qing tente de se relever, suite à la défaite subit contre l’Angleterre, pendant la Première Guerre de l’Opium. Des catastrophes naturelles suivent. L’inondation des terres fertiles et l’incapacité du gouvernement à aider les populations affectées, vont donner le signal à l’un des mouvements les plus meurtriers de l’histoire chinoise, la révolte des Taipings. Misère, mort, famine. La terre de Chine mêle le sang et la peur. L’Empereur interdit l’exportation de riz, il faut nourrir le peuple d’abord !
La nouvelle est relayée par toutes les gazettes de la Côte Ouest américaine.
Le richissime homme d’affaire, Joshua A. Norton, est à l’affût et son esprit prédateur renifle la plus-value. Il achète la cargaison complète de riz d’un navire en provenance du Pérou, et s’apprête à inonder le marché américain avec SON riz. Mais si l’homme d’affaire est doué, il n’en est pas moins dépourvu d’orgueil.
Du riz péruvien, il en arrive en masse, et Joshua Norton n’a pas le monopole ! D’autres loups ont flairé le bénéfice.
Il tente alors de faire annuler le contrat d’achat de sa cargaison, arguant un vice. Une procédure qu’il va soutenir trois années durant devant les tribunaux, s’enfonçant dans le déni et l’appauvrissement. Lentement, ses affaires périclitent. En 1858, il est débouté, ruiné et dépressif. Les fortunes se font et se défont dans ce bout de terre où se côtoient le meilleur et le pire de la société humaine.
Touchez ma bosse…
Le gentleman New-Yorkais, Frederick Coombs, est à Frisco depuis quelques mois. Son activité photographique est florissante. Il tente de transformer sa boutique attelée, en commerce avec pignon sur rue. C’est un excentrique, charmeur avec les dames, jovial, doux et distingué. On remarque une possible ressemblance avec Georges Washington. La simple rumeur, chuchotée avec amusement d’abord, devient une affirmation qui enchante l’attributaire. A force, il s’en convainc.
San Francisco, nouvelle demeure de l’enchanteresse Circé, libère ses charmes toxiques. Elle tord les esprits, les façonnent.
Aurait-il déjoué le sort, phrénologue expert, s’il avait exploré la science des protubérances de son propre crane ?
Washington, le retour
C’est une évidence, elle saute aux yeux. Réincarnation du Général. Comment ne l’a-t-il pas vu plus tôt ? Désormais, Frederick Coombs se présente le plus sérieusement du monde sous le nom de Washington II…
L’Empereur !
Après quelques mois d’absence, Joshua A. Norton réapparait dans les rues de San Francisco. Ses proches ne le reconnaissent pas, une lueur étrange brille au fond de ses yeux. C’est un homme couvert de poussière, habité de rage, hébété. Il revient du désert où il a combattu le feu du soleil et le poison du crotale. Les habitants peuvent lire dans les journaux la déclaration suivante :
« À la demande impérative d’une grande majorité des citoyens de ces États-Unis, moi, Joshua Norton, anciennement d’Algoa Bay, Cap de Bonne-Espérance, et maintenant depuis neuf ans et dix mois à San Francisco, Californie, déclare et me proclame empereur de ces États-Unis, et en vertu de l’autorité ainsi investie en moi, ordonne aux représentants des différents États de l’Union de se réunir dans la salle musicale de cette ville, le 1er février prochain, puis et là pour apporter des modifications dans les lois existantes de l’Union qui peuvent atténuer les maux sous lesquels le pays travaille, et ainsi faire naître la confiance, tant au pays qu’à l’étranger, dans notre stabilité et notre intégrité. » signé NORTON Ier. En 1863, suite à l’arrivée des troupes Françaises au Mexique, il ajoutera à son titre : « Protecteur du Mexique ».
L’Empereur contre le Président
Sa majesté, l’empereur Norton Ier est déjà familier des Franciscanais lorsque Son Altesse Washington II vient se pavaner dans les rues de la cité, affublé d’un uniforme de l’armée continentale désuet, d’un tricorne et d’une perruque du siècle précèdent.
La rencontre a lieu dans Montgomery Street, la grande artère de l’époque.
Les deux hommes vont se jauger, se saluer, pour finalement faire bonne figure, bras dessus, bras dessous. Mais les apparences ne trompent pas. Deux princes pour une ville…
Le couple amuse les passants. On raffole de leurs aventures picaresques. Au journal le « Morning Call », un jeune journaliste se prend d’affection pour ses deux farfelus, et commence à leur réserver une rubrique. Son nom, Samuel Langhorne Clemens, bientôt connu sous le pseudonyme de Mark Twain.
Mais l’entente bientôt, vole en éclat. Washington II énerve prodigieusement Norton Ier. Ce dandy maniéré, à l’audace de vanter la supériorité de son charme auprès de la gente féminine !
Lorsque Washington II placarde sur les murs de la ville des pancartes destinées à son commerce, Norton Ier les arrachent, et les piétinent. Fini la drôle de guerre, cette fois, les hostilités sont ouvertes !
Furieux, Washington II s’en va trouver la police pour l’informer du méfait de l’auto-proclamé empereur.
Encore plus furieux devant l’inaction des autorités, notre réincarnation présidentielle vend son histoire aux journaux dans le but de réunir des fonds et d’attaquer Norton Ier devant les tribunaux.
La contre-attaque impériale ne se fait pas attendre. Il use d’une arme qu’il maîtrise et publie un « décret impérial » par voie de presse, en ordonnant aux officiers de police de la ville de San Francisco, d’arrêter le prétendu Washington II…
Bien sûr, l’empereur n’a aucune autorité, et l’ordre amuse, jusqu’aux pontifes de la ville.
Mais Washington II prend la menace très au sérieux. Entre fou, qui est le plus fou ?
Après 2 ans de présence dans la « Golden City », il décampe aussi sec, sans se retourner, et part rejoindre sa terre natale, New York, où il s’y présentera sous sa nouvelle identité, encore quelques années, avant de mourir.
Imperator Rex
Débarrassé de son rival, Norton Ier peut arpenter les rues de son empire, vêtu d’une casaque bleue donné par des soldats, surmontée d’énormes épaulettes dorées, d’un sabre porté au côté, et coiffé d’un chapeau de fourrure de castor, couronné d’un magnifique bouquet de plumes de Paon. La classe impériale.
L’Empereur va ainsi régner pendant plus de vingt ans, en publiant régulièrement ses décrets, qui n’auront d’autres échos que les sourires de ceux qui les lisent dans la presse locale.
Dans une autre ville, on l’aurait tout simplement interné, mais ici, on l’aime. Sans le sou, il loge dans une pension de famille miteuse, aidé par d’anciennes connaissances. Il lève des impôts, 25 cents par commerçants et par semaine. On les lui donne affectueusement, c’est une façon dissimulée de faire la manche, et de survivre.
Mais si sa tête est ailleurs, plongée dans le temps passé de sa prospérité, son cœur est bien là, dans les rues de cette ville qu’il aime tant, se souciant tous les jours du bien-être de ces habitants.
Et la ville lui rend bien. Il fréquente les meilleures tables, et une place, parmi les meilleures, lui est toujours réservée au théâtre.
Quand son uniforme tombe en pièces, usé par le temps, la ville lui en offre un nouveau. Et lorsqu’un jeune officier de police l’arrête, c’est l’émoi dans les rues de San Francisco. Une pétition est signée. La ville le relâche, et s’excuse platement. Norton Ier, drapé de clémence majestueuse, pardonnera au jeune novice.
Bummer et Lazare, nos deux compères canins, célébrités people, font naturellement partis de la suite impériale. Leurs exploits sont célèbres. « En six minutes, ils tuent 85 rats ». Un autre jour, « ils stoppent courageusement un cheval fou au galop dans les rues encombrées ». Les feuilletons se succèdent et se vendent bien. « Bummer abandonné, Lazare court désormais avec un autre… », « Bummer magnanime, Lazare revient… ».
Eux aussi, ont connu l’excitation d’une foule en colère, venue libérer Lazare, après avoir été capturé par une société d’extermination.
Dernière révérence
Déambulant dans les rues fiévreuses, l’Empereur et ses deux chiens chasseurs de rats, laissent une cité en deuil lorsque, empoisonné, Lazare succombe. Peu de temps après, Bummer, le Terre-Neuve puissant, inconsolable, rejoindra son compagnon, battu par un ivrogne. On arrête le tueur de chien, et on le tue en prison, en l’honneur de Bummer !
Bummer (décevant), un nom bien inapproprié, aux vues du nombre de personnes suivant la dépouille de l’animal, peut-être le seul Être raisonnable de cette histoire…
Après avoir été colon en Afrique du Sud, puis riche gentleman de San Francisco, Joshua A. Norton, disgracié, déchut et autoproclamé seul et unique Empereur de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique, s’effondre en pleine rue, le 08 janvier 1880, sous une pluie fine et fraiche.
Les journaux titres « Le Roi est mort ! ».
Le cortège funéraire rassemblera près de 30 000 personnes.
Sa tombe est aujourd’hui encore, constamment fleurie.
Sous le soleil Californien, une recette que l’on mangeait déjà au 19ème siècle, dans la Baie de San Francisco.
Avocado Toasts
Préparation : 15mn Cuisson : 10mn Pour 4 personnes
Ingrédients
1 pain de campagne tranché 1 petite boite de maïs ou 2 épis de maïs doux 2 avocats bien mûrs 1 citron vert 2 cuillères à soupe de beurre 2 cuillères à soupe de coriandre fraiche 11O gr de féta Paprika Sel, poivre
Réalisation
Si vous utilisez des épis frais, les faire griller au four. Une fois bien cuit, badigeonnez-les de beurre, salez, poivrez et saupoudrez de paprika. Laissez tiédir et retirez les grains de maïs.
Si vous utilisez du maïs en boite, égouttez-le, puis, dans une poêle, faites cuire le maïs quelques minutes dans le beurre. Salez, poivrez et saupoudrez d’une demi-cuillère à café de paprika. Réservez.
Coupez les avocats, les dénoyauter et récupérer la chair dans un récipient. Ecrasez la chair d’avocat en purée, salez, poivrez et ajoutez le jus d’un demi-citron vert. Faites griller 4 belles tranches de pain. Etalez la purée d’avocat, répartissez le maïs, émiettez la féta sur le dessus, parsemez de coriandre finement ciselée. Ajoutez quelques gouttes de jus de citron vert et une pointe de paprika. Pour donner un côté plus hot et mexicain, rajoutez du piment Jalapeno !
Mesdames, Messieurs, Croyez-moi ! combien, Hô, de faux, plagieurs, hypocrites et contrefaçons, de la perversion humaine, putride et idiote… D’un tel, je n’en connais qu’un. C’est un humoriste, un poète, que dis-je, un véritable génie du verbe, ingénieux, commerçant du rire salace, et de la stupidité méchante. Écoutes, toi qui ne veux pas suivre son chemin tortueux ! Voici son histoire.
Le Corniaud et le Forgeron…
Très tôt, sa carrière commence sur les planches, au théâtre, vers le 15ème ou 16ème siècle. Son rôle fétiche, il le doit à sa fameuse réplique « L’eusses-tu cru ? », elle fera sa renommée, son personnage, l’idiot de théâtre, et bientôt son nom de scène. Professionnel de terrain, il sait vendre. Jugez donc…
En 1659, une gravure apparait dans un almanach. Elle représente un forgeron qui opère dans son atelier. Au-dessus, bien en évidence, l’enseigne de l’artisan au titre aguicheur de « l’Opérateur Céphalique », et le nom du maître des lieux, Lustucru.
L’homme de la forge, tient dans ses pinces, une tête de femme. De son autre bras, haut, un marteau s’apprête à frapper la tête, posée sur l’enclume.
La légende encadrée explique le travail du forgeron, qui remet à neuf, répare les esprits féminins trop enclins à l’indépendance. Car les femmes, dans les années 1650, sont bien établies dans les arts littéraires et les salons Parisiens. On tente de les ridiculiser en les appelant « Précieuses »…
« Céans Me. LUSTUCRU a un secret admirable, qu’il a apporté de Madagascar pour reforger et repolir sans faire mal ni douleur les têtes des femmes accariâtres, bizarres, criardes, diablesses, enragées, fantasques, glorieuses, hargneuses, insupportables, lunatiques, méchantes, noiseuses, obstineés, pie-grièches, revêches, sottes, têtues, volontaires, et qui ont d’autres incommodités. »
« Corrige si tu peux, par un discours honnête, De ta femme l’esprit querelleux et bourru : Si cela ne fait rien, pour amollir sa tête, Ou prends martin bâton, ou va chez Lustucru. »
Qui eut cru qu’il était possible de « reformater » un cerveau de femme ? L’eusses tu-cru ?
Jackpot, si j’ose dire. Car la gravure fait l’effet d’une déflagration, le buzz. On adore ! L’almanach est réédité. On le vend jusqu’en Allemagne et en Italie !
C’est que l’époque est secouée par une affaire de mœurs, pas vraiment flatteuse pour les hommes, blessés dans leur virilité.
Sais-tu faire ?
Le Congrès, sorte de tribunal de l’impuissance, traite une affaire qui oppose entre 1658 et 1659, Marie de Saint-Simon, à son mari, René de Cordouan, marquis de Langey. Madame accuse son cher et tendre de ne pouvoir la satisfaire, et demande donc l’annulation du mariage.
Une affaire qui aurait dû rester privée, mais qui va vite devenir virale. C’est un feuilleton qui passionne la France.
Les époux se soumettent à différents tests, et le pauvre marquis devra, devant une assemblée d’experts, faire preuve de sa « capacité à passer de l’érection à l’intromission, puis à l’éjaculation ». Tests que le mari ne réussira pas.
La médiatisation de l’affaire et l’humiliation subie par le marquis est telle, qu’elle choque les poitrails velus, qui réclament la fermeture du Congrès.
Notre forgeron Lustucru est donc la réponse masculine à ce qui parait être à l’époque une dérive de l’ordre établit, un super-héros, répondant à l’anxiété des hommes, un vengeur violent, protégeant le mâle pouvoir contre les désirs de femmes trop intelligentes et fortes. Inconcevable, pour le Pater Familias.
Sur une autre gravure de l’almanach, Lustucru est représenté, victime cette fois, de femmes enragées, prête à en découdre, à coups de marteaux. Son atelier est dévasté. La légende a pour nom « le massacre de Lustucru, par les femmes fortes et vertueuses ». Le titre alerte. Il est urgent de réagir pour les hommes, en emmenant à la forge la femme qui aurait des désirs soudain d’émancipation, afin que le « chirurgien du cerveau » la « reboot ».
Ah la belle affaire, pour sûr. Ce fut un beau rôle pour Lustucru, et cela lui donna une réelle notoriété, bien méritée.
Mais « qui vise les étoiles, atteint la Lune ». Et la lune ne lui suffit plus. Il ambitionne…
Encore une fois, il va démontrer ses talents, en surfant sur la vague des évènements.
La révolte !
En 1662, éclate dans la région Française du Boulonnais, une révolte populaire contre la pression fiscale du gouvernement du jeune Louis XIV.
L’économie du Royaume est au plus mal. La Guerre de Trente ans vient de s’achever, et les provinces frontalières, dont le Boulonnais, ont été particulièrement touchées, ravagées par les combats et les troupes ennemies.
Depuis le rattachement de la Picardie à la France, la région du Boulonnais possède des particularités et privilèges fiscaux. Elle est notamment exemptée de plusieurs impôts.
Des taxes ont été levées en temps de guerre. Mais, désormais en paix, le peuple refuse net de payer et aspire à des lendemains meilleurs.
Lorsque quelques troupes Royales investissent des fermes de la région, le peuple s’émeut. La population loge et nourrit le soldat, elle le doit. On s’échauffe, et quand le collecteur réclame, c’est l’embrasement.
Soutenue discrètement et sans courage par la noblesse et la bourgeoisie Boulonnaise, la révolte est en majorité paysanne. On chasse les quelques troupiers à coup de fourches. L’affaire fait grand bruit à Paris, et le Roi-Soleil aime l’ordre plus que tout.
On envoi la troupe. La vraie, la clinquante, la belle à l’étendard, la sanglante. Le peuple n’aime pas l’odeur de la poudre, et les premiers coups de feu font fuir les révoltés, épuisés par des années de misères. La rébellion s’éteint aussi vite qu’un soufflé retombe. Les meneurs sont roués, d’autres sont envoyés aux galères, où ils y pourrissent.
A Paris, on se glousse de l’ardeur des mutins dans la fuite. On ironise et on exagère leur violence.
Pour discréditer l’évènement, on la nomme « Révolte des Lustucru » !
Inscrit dans l’histoire, notre héros Lustucru brille à jamais au firmament.
Enfin, comme l’ont connu tant d’artistes, une période creuse s’annonce pour notre chantre de la couardise et de la bêtise humaine.
Bouffeur d’enfants, et pâtes au beurre…
On peut signaler, dans sa carrière, un rôle de « Croque-Mitaine », dépeceur d’enfants, qu’il joua à la perfection, bien entendu. On recherche alors en lui, l’incarnation de la violence, véritable, plus que l’idiotie ou la lâcheté.
« C’est le grand Lustucru qui passe C’est le grand Lustucru qui mangera Tous les petits gars qui ne dorment guère Tous les petits gars qui ne dorment pas »
Il va pouvoir pousser la chansonnette dans une brève apparition de la populaire « Mère Michel », où il vend son chat comme lapin à cuisiner, au milieu du XIXème siècle.
Reviens Léon…
Sa dernière représentation date de 1911. Elle lui fut donnée grâce à Jean-Louis Forain, illustrateur, qui participa au concours du fabricant de pâtes, et entama, plein comme un boudin, la « Mère Michel » au cours du banquet de fin de concours Ce qui donna l’idée du nom du personnage de « Per’ Lustucru », représenté par un jovial bonhomme, débarrassé de toute perversité.
Candidature spontanée
Depuis, il se tanne. L’épicerie l’ennui, voyez-vous.
Instinctif, il cède à son pêché, la gourmandise du mal et de la bêtise, ce jus vert et puant dont il se régale.
Ne l’en blâmons pas. Les tentations sont multiples à nôtre époque. Ce gros bonhomme joufflu n’est qu’un bouffon, et notre quotidien, un terreau bien fertile, pour l’imagination de notre artiste.
De son cachot de pâtes aux formes bizarres, il attend l’Etoile qui le guidera.
Mesdames, Messieurs, lorsqu’un Digne à la couronne picrocholine, Lustucresque, la ceindra de nouveau, étincelante sur un front imbécile, lorsque les ors de la bêtise brilleront de milles charognes, les trompettes anémiées sonneront le tonnerre du tocsin, aux cris effarés d’« eusses tu-cru ?»
Quoi d’autre comme recette, qu’un bon plat de Pâtes au fromage ?
Pâtes n’ Cheese
Préparation : 10mn Cuisson : 10mn Pour 6 personnes
Ingrédients
400 gr de coquillettes 100 gr de beurre 100 gr de farine 80 cl de lait 30 cl de bouillon de poule 450 gr de fromage style Cheddar, Mimolette, Gruyère ou Comté.
Selon les goûts. 1 cuillère à café de moutarde 1 jaune d’œuf 1 gousse d’ail Sel, poivre
Réalisation
Cuire les pâtes Al-dente. Égouttez-les et réservez Préparez le bouillon, hachez l’ail. Préparez la béchamel. Dans une casserole, faites fondre le beurre avec l’ail et la moutarde. Puis, incorporez progressivement le bouillon et le lait tout en remuant constamment. Hors du feu, incorporez le jaune d’œuf et le ou les fromages râpés.
Mélangez jusqu’à ce que le fromage fonde entièrement. Incorporez les pâtes, et enrobez-les de sauce. Salez, poivrez.
Aujourd’hui, je serai votre guide. Vous voulez apprendre à créer de belles légendes, qui durent dans le temps? Rien de plus simple…
Prenons l’exemple de Petrus. Esclave Romain d’origine Gauloise. Condamné à mort, Petrus est un homme heureux. Il vient d’être élu « Maître des Lucii ». Toute la maisonnée est aujourd’hui sous ses ordres. Les chants, les rires résonnent dans la villa Patricienne. Le houx, le Gui, le Lierre ornent les murs de briques et le vin coule à flot. Caius Lucii, son ancien maître, sert le breuvage couleur rubis. Petrus ordonne, Caius exécute, un petit sourire en coin, il n’est pas fâché de ses excès argotiques. L’ancien esclave est rempli de joie. La vie est belle, après tout. La tête tourne en même temps que le ventre s’alourdit. L’air se rafraîchit, lorsque le jour décline. La bouche pâteuse et l’esprit confus, Petrus a des excès de tristesse. Il oscille entre la bête gaieté, et la mélancolie profonde. Il s’affale sur le Triclinium, à la même place qu’il tient depuis sa prise de pouvoir, au petit matin, et s’endort d’un sommeil éthylique. Demain matin, aux premières lueurs rosées, Caius redeviendra le maître de la maison, comme il l’a toujours été, et fera exécuter Petrus, comme prévu.
Les saturnales ont offert à l’esclave condamné, un répit, une addition de temps supplémentaire, et la gloire, ou peut-être la vengeance, d’être élu maître à la place du maître. La fête Romaine de la lumière Sacrée, est bien implantée dans l’empire des Augustes. Elles célèbrent le solstice d’hiver. C’est une période de réjouissances, de cadeaux et d’échange de rôle, le maître devient le serviteur, l’esclave le maître. Les barrières sociales disparaissent.
Maintenant, si vous le permettez, prenons des symboles.
L’Or, pour la royauté. L’Encens, en hommage à la nature divine de l’Être. La Myrrhe, pour l’impermanence du Temps et de l’Homme, destiné à mourir.
Fouillons le passé, encore…
Hérodote nous raconte la naissance fabuleuse et dramatique du grand roi Perse, Cyrus le Grand, au 6ème siècle av-JC. Elle fut annoncée par des merveilles célestes et sa conception, fabuleuse et inhabituelle. Bien sûr, de vilains méchants vont tenter d’éliminer le royal bébé. Celui-ci sera sauvé du trépas par de puissants mages, qui d’ailleurs vont reconnaître la divinité de l’Enfant-Roi, Cyrus.
Ici, tout est possible! On s’amuse, on est des fous! Continuons notre création artistique…
Prenons le Mahabharata, dans la mythologie Hindoue.
Le premier roi légendaire de l’Inde, Prithu, à sa naissance, reçoit allégeance et cadeaux des mains ridées et majestueuses des grands Mages de son royaume.
Inutile de trop préciser. Le truc, c’est l’incertitude. Ne racontez pas tout, laissez un peu de flou, de brumes dans les marges, nous y reviendrons plus tard, par petites doses, comme l’on épice un plat.
“Comme les Rois Mages, en Galilée…”
Pas de noms, pas de nombres, pas encore!
Ici, juste la naissance, merveilleuse et fantastique de l’Enfant-Roi, annoncée par une merveille céleste, une étoile.
Un méchant, qui veut tuer l’enfant. Des Mages, qui doivent le sauver, et reconnaître sa Divinité Royale.
Saint-Matthieu distille l’idée, quelques pincées de sel, dans son Evangile, quelques indices, pas plus. L’histoire est prête.
Vous voyez, c’est assez simple. Laissons infuser…la légende est là, parée de pourpre et d’or, prête, magnifique!
Quelques siècles passent, deux-trois, puis, les Mages sont fait Rois. Tertullien, un écrivain Chrétien, s’en chargera.
Maintenant, ils sont trois. Chez certains, ils sont jusqu’à douze!
Encore quelques siècles, au 8ème, et un nom leur est donné.
Le premier, est Melchior, le second, sera Gaspard et enfin, le troisième, Balthazar… le quatrième, ne trouvera pas sa place, ni les autres non plus.
Traversants les déserts, les montagnes, les forêts enchantées, bravants les tempêtes, les Rois Mages, guidés par l’Étoile, annoncent au roi Hérode, la naissance du Messie. Celui-ci, fou de peur, ordonne le meurtre de tous les enfants de moins de deux ans, à Bethléem. C’est le “Massacre des Innocents”.
Les Rois Mages, toujours guidés par l’Étoile, se prosternent, douze jours après sa naissance, au pied de l’Enfant-Roi, et y dépose l’Or, l’Encens et la Myrrhe.
Le symbole est fort, c’est toute la royauté du monde, et les anciennes croyances, qui s’agenouillent devant Jésus.
Ce jour sera l’Epiphanie, l’Apparition, la Présentation au Monde.
Infatigables, Gaspard, Melchior et Balthazar, se remettent en route pour rejoindre leurs royaumes.
Mais la colère du roi trahit, Hérode, guette les routes. Alors, les trois Rois Mages empruntent un autre chemin.
Égarés, certains les croisent à Baux-de-Provence, où les Seigneurs du coin se diront leur descendants. “Au hasard, Balthazar” sera leur devise.
Plus au Nord, à Etrabonne, en Franche-Comté, la légende affirme que nos trois Rois Mages se seraient arrêtés boire à la source, et auraient trouvés l’eau très bonne et fraîche. “A tra boun” en patois local. Depuis cette rencontre “Une bonne étoile nous guide” est la devise du village!
Harassés de fatigue, les Rois Mages profitent désormais d’un repos éternel, sous les voûtes de pierres blanches de la Cathédrale de Cologne, leurs Corps enchâssés dans des reliquaires d’or.
Ont-ils pu rejoindre leurs Royaumes? Pas d’inquiétude, la légende est encore vivante, libre à chacun d’imaginer la suite. Et lorsque vous croquerez dans votre part de galette, et que vous tomberez sur la fève, ayez une petite pensée pour Pétrus, l’esclave Romain. Vous venez d’être élu Roi ou Reine de la journée, tout comme on le faisait déjà aux Saturnales…
Pour clore cet atelier création, je vous propose une recette de galette des rois à la frangipane…
Galette des rois à la frangipane
Préparation : 15mn Cuisson : 30mn Pour 6 personnes
Ingrédients
2 pâtes feuilletées circulaires 280 gr de poudre d’amandes 200 gr de sucre 150 gr de beurre 4 oeufs 1 jaune d’oeuf Rhum 1 fève
Réalisation
Préchauffez votre four à 200°c. Dans un récipient, mélangez la poudre d’amandes, le sucre, les oeufs et le beurre préalablement ramolli. Mélangez bien. Si vous le voulez, vous pouvez aromatiser votre crème avec un peu de Rhum. Sur une plaque allant au four et recouverte de papier sulfurisé, disposez une première pâte feuilletée. Fouettez le jaune d’oeuf et badigeonnez une marge d’un centimètre tout autour de la pâte. Etalez la crème d’amandes uniformément, sans recouvrir la marge doré à l’oeuf. Insérez la fève dans la crème. Puis, disposez la seconde pâte feuilletée sur le dessus. Appuyez avec le bout des doigts sur le pourtour de la galette, de façon à bien souder les bords. Badigeonnez de jaune d’oeuf le dessus de la galette, puis, à l’aide d’une lame de couteau, dessinez sur la pâte.
Un corbeau, fièrement perché sur le clocher de l’église Saint-Etienne, croasse quelques jurons dans l‘air appesanti de chaleur, et le soleil en cette fin de journée, peint une toile pastel et bucolique sur la vallée.
Raoulin Fouet dit « Paviot », serviteur du Sieur Pierre Paviot, étire ses muscles alourdis et quitte le bourg d’Etrechy, petit village situé à une quarantaine de kilomètres au sud de Paris. La voie reliant Orléans à la Capitale serpente le long des coteaux plantés de vignobles.
Originaire de Normandie, Raoulin Fouet a accompagné son maître au château du Roussay, dont Pierre Paviot en est le seigneur, ainsi que différents domaines en Beauce, en plus du château de Jeurres, à Morigny.
La distance entre le bourg et le château du Roussay n’est que d’un petit kilomètre, mais le chemin caillouteux fait transpirer Raoulin.
Au loin, se rapproche le pas trainant d’un canasson amaigrit, tirant une carriole aux essieux grinçants. Les cagettes entassées de volailles brinquebalent sur la charrette, et l’homme qui tient les rênes, a l’œil suspicieux en voyant Raoulin.
A hauteur de l’inconnu, le poulailler (vendeur de volailles) interpelle vivement Raoulin et lui somme de faire connaitre son identité. Devant tant de rustrerie notre « Paviot » répond vaguement et poursuit son chemin. Mais le poulailler obstiné, réitère sa demande autoritaire. Raoulin, cherchant alors à calmer l’animosité du marchand, tente de prouver sa nature pacifique. Rien n’y fait, le grossier personnage hausse le ton et devient carrément menaçant…
C’est que la région n’est pas sûre en cette fin de 14ème siècle. On se méfie des inconnus. La Peste Noire a fauché le tiers de la population Européenne, et le bourg d’Etrechy a déjà supporté un combat entre Français et Anglais, quelques années auparavant, en 1359. Un capitaine Français y sera même fait prisonnier et sa troupe défaite par les Anglais. Nous sommes en pleine guerre de Cent ans ! Et les compagnies de mercenaires, lorsqu’elles ne combattent pas, écument la campagne environnante, rapinent, violent, tuent…
Les hommes d’un certain Ruffin le Gallois, ont infesté la région, semant la mort et la désolation.
La réaction de l’homme à la carriole est compréhensible, mais Raoulin ne sait que faire pour prouver ses bonnes intentions. Alors que l’altercation semble s’apaiser, deux autres poulaillers arrivent avec leurs charrettes, et en voyant Raoulin, le prennent immédiatement à partie.
Cette fois, il ne se laisse pas faire. Dévoilant son identité et sa fonction, il exige qu’on le laisse poursuivre son chemin.
Mais l’effet de meute excite nos brutes, persuadés qu’ils ont affaire à quelques espions Anglois ou brigands de grands chemins. Les coups ne tardent pas à pleuvoir sur notre pauvre Raoulin, qui tente, tant bien que mal, de se défendre. Une pluie de poings et de trique s’abat sur l’homme recroquevillé, harcelé de coups.
Enragé, un des vendeurs de poule, saisit le serviteur transit et le menace d’un couteau effrayant, la pointe de l’arme appuyée fortement contre l’abdomen du malheureux. Raoulin, épouvanté, implore la vie sauve. L’agresseur le frappe alors avec une force prodigieuse, du plat de son arme et le fait chuter au sol. Les trois marchands s’esclaffent, satisfaits de la correction qu’ils ont infligés à l’inconnu, et s’apprêtent à reprendre leur chemin, tout en insultant le blessé gisant.
Se relevant péniblement, et malgré la douleur et le sang qui suinte de ses blessures, Raoulin est saisit de rage, il veut laver l’humiliation subie. Dégainant à son tour son long coutelas, il menace de son rang les trois lourdauds, qui reprennent aussitôt leur assaut sauvage, faisant fuir à travers champs le serviteur des Paviot.
Revenu au village d’Etrechy d’où il était parti quelques minutes plus tôt, Raoulin, hors d’haleine, ne profite pas longtemps de la relative sécurité du bourg. Les roues gémissantes des charrettes des poulaillers entrent dans la Grand’Rue.
Cherchant à se cacher, il ne peut supporter d’entendre, au loin sur la place de l’église, son agresseur au couteau raconter à la femme d’un certain Oudin Bonmarché, qu’ils ont été attaqués sur la route par un dangereux brigand. S’en est trop !
Raoulin, tenace, surgit et hurle la vérité. Le poulailler sort son arme, et le combat reprend. Plus habile, plus rapide, le marchand frappe son adversaire au bras, qui hurle de douleur.
Le croyant alors hors de combat, le poulailler abandonne Raoulin, et s’en va rejoindre ses compagnons.
Notre serviteur, tout pantelant, se relève difficilement et frissonne à l’idée d’être piégé sous les épais murs du bourg, censés protéger des menaces extérieures… Impossible de rentrer au château dans son état. Seule solution, trouver de l’aide. Et de l’aide, il sait où en trouver. Il se précipite à l’hôtel du Poislane, chez Jehannin Rayer, un ami, beau-fils du boucher d’Etrechy.
Les nouvelles vont vite, et l’altercation a vite fait le tour du petit village. Jehannin Rayer sillonne déjà les ruelles, armé d’un puissant bâton, lorsqu’il rencontre les trois poulaillers.
Il les interpelle, et sans même leur laisser le temps de réagir, frappe au niveau des épaules le premier vendeur de poule à sa portée. Effrayés et pris de court, les trois s’enfuient en tous sens. Raoulin, revenant de l’Hôtel de Poilasne, rencontre un fuyard et tente de l’arrêter, sans succès, mais réussit à ralentir sa course.
Jehannin, qui le poursuivait, arrive en furie, et frappe le poulailler d’un terrible coup à la tête. L’homme s’écroule, le crâne fracassé. Le corps convulsionne affreusement. Le deuxième coup, sur le haut du corps, l’achevera, deux jours plus tard.
L’honneur est sauf pour Raoulin ! Mais dans les jours qui suivent, la crainte des conséquences judiciaires pèse lourdement sur le serviteur des Paviot. Même si ce n’est pas lui qui a donné la mort, c’est un meurtre, et il est impliqué !
Il décide de quitter le pays quelque temps.
Sans ressources, il n’a d’autre choix que d’affronter la justice. Soutenu par son maître, Pierre Paviot, alors échanson de Louis d’Orléans, frère du Roi, Raoulin obtient le droit de plaider sa cause auprès du Conseil du Roi.
Après l’avoir entendu, le Conseil rend son jugement. Il ne sera pas poursuivi. Même s’il n’est pas pour autant acquitté, la Lettre de Rémission, obtenue par le Roi de France Charles VI, stoppe désormais toute action à son encontre. C’est un privilège qui restaure sa réputation, et le protège.
Raoulin Fouet peut enfin rentrer chez lui…
Le samedi 08 août 1395, sous les yeux d’un corbeau fièrement perché sur le clocher de l’église Saint-Etienne, Jehan Texier, dit « poulailler », dit « le Page » a reçu, au cours d’une rixe, un coup mortel, et a succombé le lundi de la Saint-Laurent.
Quelques parts, entre Metz et Nancy… C’est une époque de lutte constante, pour la survie, du lever au coucher. La disette règne en ce début du 12ème siècle. Dans une maison pataude, aux murs épais et tassés par les années, une famille de cinq personnes s’entasse dans l’unique pièce, enfumée et éclairée par deux minuscules ouvertures servant de fenêtres. Le père est court sur pattes et large d’épaule. Ses mains sont deux pierres volcaniques, dures et râpeuses. Il ressemble plus à une bête de somme qu’à un homme dans une vie de labeur. La mère est gracieuse et fatiguée. Elle s’active autour du foyer, lasse de faim. Il faut trouver de quoi compléter le maigre repas du soir. Alors le père envoi ses trois fils, chercher des restes dans les champs. La Terre labourée pourvoira à la maigre pitance. Il faut fouiller de ses doigts ensanglantés, quelques graines, quelques vers, des racines, n’importe quoi, pourvu que cela comble le creux brûlant qui déchire les entrailles. La récolte est bien maigre, mais le jour s’estompe. Les trois fils doivent rentrer. Pour trouver de quoi se nourrir, ils ont été loin, bien plus loin que d’habitude, et la nuit masque le chemin du retour. Perdus dans les ténèbres, les trois enfants doivent désormais lutter contre les créatures de la nuit, qui les harcèlent. Au loin, un point lumineux, une flammèche, guide la tribu. La chaumière inconnue déchire la nuit de ses murs sombres et couverts de lierre. L’aîné frappe contre les planches pourries qui servent de porte. Des pas claques, et le lourd loquet actionne des gonds grinçants. Les trois frères sursautent en voyant les contours bestiaux qui se détachent dans la lumière. Une masse terrible contemple les enfants, serrés sur le seuil. Ils tremblent mais sont perdus et demande un peu d’aide et de chaleur, si seulement l’être qui les observe en est capable. Il accepte, l’homme aux cheveux longs et gras. Ses bras sont des troncs aux muscles saillants. Un lourd tablier de cuir brun, taché, enveloppe un ventre proéminent. Son sourire est étrange et laisse percevoir une dentition clairsemée. Les enfants se réchauffent prêt de l’âtre. L’homme remue le contenu d’une marmite dont l’odeur réveille la faim qui tenaille les trois frères. Les enfants regardent danser les flammes dans la cheminée, ils se sentent en sécurité, chez cet homme étrange mais qui accepte de partager un peu de son repas. Le plus jeune des frères songe à ses parents, à la douceur sécurisante des bras de sa mère. Le petit ne comprend pas d’où vient ce jet rougeâtre et épais, qui apparait soudain sur le mur. Ni celui-ci, sur sa joue. Bientôt, les trois innocents gisent sur le sol, leur bourreaux et hôte, satisfait, leur a tranché la gorge… Installé sur une lourde table de chêne, le boucher, en gestes précis, dépèce les malheureux. Un saloir conserve désormais, son prochain repas. Le vent souffle au-dehors. La mère des petits n’arrive pas à dormir. Le père est parti, à la lueur des torches, chercher ses fils. Chez le boucher, le feu crépite. Il s’apprête à aller se coucher. Mais on frappe sur les planches de bois pourri. Il pense : « La nuit sera abondante pour le saloir ». Il ouvre… Le vieil homme a l’œil sombre. Sa longue barbe éblouie par sa blancheur. Il s’appuie péniblement sur sa crosse usée par le temps et les intempéries. Il noue la laisse de son âne squelettique et implore la charité du boucher, d’un peu de chaleur et de repos. Oui, la nuit sera abondante pour le saloir de l’Ogre ! Devant l’âtre, le vieillard réchauffe sa carcasse percluse de fatigue et de douleur. Le boucher lui tend son bol de potage. Les bourrasques de vent claques au-dehors. Le vieil homme, de sa main ridée et tremblante, repousse doucement le récipient de bois. Le boucher reste interdit lorsque son invité lui demande du petit salé. L’Ogre repose le bol fumant, se sachant démasqué. Faisant mine d’accepter, il prend son long couteau et saute sur le vieillard. D’un geste incroyable, le vieux esquive l’attaque et se tient droit, face à l’Ogre au tablier taché du sang des malheureuses victimes. Le visage du vieux semble illuminé, et son corps, si frêle jusque-là, est une muraille infranchissable. Le boucher bande tous ses muscles, son ventre lourd rebondit sous ses trépignements. Un rictus maléfique lui zèbre le visage et le tissu couvrant ses bras craque de toute part. Face à lui, le vieillard frémit d’une rage contenue, campé fermement sur ses deux jambes, menaçant le démon de sa crosse splendide. Deux titans s’apprêtent au combat, le bien contre le mal. La porte claque, c’est le signal. Les deux combattants se ruent furieusement l’un sur l’autre. On se frappe, on s’empoigne, on hurle, l’écume aux lèvres. Loin de ce combat enragé, un père cherche dans le noir, ses enfants disparus. Sa torche s’est éteinte dans le vent glacial. Il suit désormais le point lumineux, droit devant lui. La table de chêne est renversée, la marmite répand son contenu sur la terre battue. L’Ogre, terrassé, halète. Allongé sur le sol, sa tête affreuse est perlée de sang. Le vieillard sort de la chaumière et reviens avec de lourdes chaînes qu’il laisse tomber aux pieds du monstre dans un bruit mat. Puis il se tourne vers le saloir. Profitant de cette diversion le boucher se saisit des chaînes pour en faire une arme, mais malgré sa force brutale ne peut les déplacer. D’un coup de crosse, le vénérable le projette à travers la pièce. Le père, désespéré de revoir ses enfants, accourt jusqu’à la chaumière. Un éclair aveuglant l’a guidé jusqu’ici. Tremblant, il approche de l’entrée, ouverte et projetant une lumière tamisée. L’intérieur est dévasté du combat. Dans un coin, un grand homme en soutane de lin verte, une mitre dorée sur la tête et sa crosse de bois polie, parle calmement à trois enfants. A peine l’ont-il vu qu’ils se précipitent dans les bras du père, qui éclate en sanglots. L’évêque, resplendissant d’une blancheur magique, regarde tendrement les retrouvailles des petits ressuscités. Sous le regard de la famille réunie, Saint-Nicolas traîne la bête enchaînée jusqu’à sa monture, transformée en cheval blanc, puissant et fantastique, aux yeux de braises rouges, soufflant des naseaux une vapeur embaumée. Le soleil rayonne discrètement, à l’horizon, et chasse lentement les ténèbres d’une nuit monstrueuse. Le Saint disparaît dans les dernières brumes de la nuit, sur son destrier hennissant, traînant un démon enchaîné, qui, pour l’éternité, sera l’acolyte du Saint homme !
On the road again !
Fin de l’histoire ? pas du tout ! Cette légende des enfants aurait été inventée pour lutter contre le cannibalisme de survie, où sévissait à l’époque Médiévale de terribles famines.
Depuis, Saint-Nicolas revient tous les 06 décembre, monté sur un âne ou un cheval blanc. Il défile dans les rues de plusieurs pays Européens telle une Rock Star, applaudie par une foule en délire. Toujours accompagné de cette Chose qu’il affronta cette nuit affreuse, qu’on appellera : Père Fouettard !
Dark fouettard !
Bien sûr, selon le pays et les vieilles légendes qu’on lui a superposées, son nom change.
Dans les pays germanophones, c’est le terrible Krampus, ou Jean Lenoir (pour le boucher de l’histoire), qui traîne ses frusques derrière Nico et son cheval blanc.
Il y a également Hans Trapp. Ce dernier vilain serait le souvenir d’un seigneur du 16ème siècle, Hans von Trotha de son vrai nom. En conflit ouvert avec l’Abbé de Wissembourg, le seigneur du château de Berwartstein réclame à monsieur l’Abbé, son cloître ainsi que la totalité des terres du village. L’homme de foi n’a pas l’intention de se laisser faire et refuse tout net ! Hans, un peu vicieux et franchement contrarié, fait construire un barrage pour détourner la petite rivière qui alimente le joli bourg de Wissembourg. Cette fois, l’Abbé devient rouge de colère. Il va voir le Pape pour lui parler des agissements de ce petit parvenu. Hans, pressentant le caftage de l’Abbé, fait détruire le barrage et inonde le cloître et le village. Cette fois, c’est la goutte d’eau qui fait déborder la rivière ! le Prince qui avait été si gentil avec Hans, lui confisque ses terres et le Pape l’excommunie. Sans boulot, Hans se reconvertit dans la légende en fouetteur d’enfants méchants…
Le petit Nicolas…
Des super-méchants, Saint-Nicolas en a vu d’autres, et il en faut plus pour l’impressionner.
Il nait au 3ème siècle, à Patare, dans l’actuelle Turquie. Papa Epiphane et maman Jeanne sont très riches. A peine né, Nicolas montre déjà un caractère bien « trempé » pendant son premier bain. Il se redresse sur ses petites jambes dodues et attend ainsi le Baptême. Plus tard, il refusera de téter le sein les autres jours que ceux prescrits par l’Eglise, c’est-à-dire le mercredi et le vendredi. On s’attend alors, suite à un tel régime, à voir le petit Nicolas en enfant chétif et malingre…
Ses parents meurent un jeudi, ou un dimanche (en fait, on ne sait pas). Nicolas hérite de la fortune familiale, mais ne sait que faire de tout cet or. Voici qu’une rumeur lui parvient. Un voisin, trop pauvre pour marier ses trois filles, décide de les prostituer. Scandalisé par ce projet, le jeune Nicolas élabore un plan. Trois nuits de suite, il se glissera chez le voisin et déposera une grosse bourse (pleine de pièces!). Les deux premières nuits se passent comme prévu, mais la troisième, Nicolas est surpris par le père des filles. Pauvre mais pas bête. Il poursuit le mystérieux bienfaiteur, mais Nicolas court vite. Finalement rattrapé, il refuse les remerciements du voisin, et lui ordonne de taire son identité. L’histoire étant connue, il semblerait que l’homme n’est pas franchement tenu sa promesse…
A la mort de son tonton, l’évêque de Myre (une ville proche de Patare), c’est Nicolas qui est désigné comme successeur.
Du blé ou une châtaigne !
Prenant très à cœur son rôle de protecteur de la population, il déboule dans le port de la ville lorsqu’il apprend la présence de navires amarrés, remplis de blé, alors que sévit une terrible famine dans l’évêché. Il tente de convaincre, rudoie un peu les marins et finit par obtenir du blé en quantité. La population est sauvée. Arrivés à Constantinople, les marins, d’abords tremblants, sont ébahis lorsque les douaniers leur annoncent que le niveau des céréales n’a pas baissée.
Maximus
Trois officiers romains se rendent en visite à Myre. A peine débarqués, ils sont arrêtés par de jalouses manigances, et condamnés à mort. Ils sont sauvés in extremis par un Nicolas déchainé, qui boxe littéralement les légionnaires qui s’apprêtaient à trancher la tête des malheureux innocents. Les trois officiers remercient chaleureusement l’évêque, et s’en retournent à Rome. De retour dans la ville impériale, les officiers sont de nouveau victimes d’un complot. Arrêtés et condamnés, ils prient depuis leur cellule, cet évêque qui leur a déjà sauvé la vie. Ronflant dans son palais, l’empereur est menacé dans son sommeil par un homme à l’allure de Patriarche biblique, qui lui ordonne de relâcher les officiers innocents. Prit de panique, l’empereur se réveille en sueur, et libère les trois prisonniers.
Les prodiges de Nicolas et son caractère passionné commencent à faire du bruit…
A l’abordage !
Sur le point de sombrer pendant une tempête, des matelots se mettent à prier Nicolas de leur venir en aide. Soudain, une barque apparait au-dessus de la crête des vagues. Bravant les flots, la frêle embarcation arrive tranquillement au navire. Un homme barbu, à la chevelure folle, saute sur le pont du bateau et harangue l’équipage comme le ferait un capitaine pirate. Il ordonne, il dirige, les marins s’exécutent, et le navire est sauvé. La barque disparait comme elle est apparue. Arrivés à bon port, celui de Myre, les matelots reconnaissent l’évêque Nicolas qui les a sauvés. Un miracle de plus !
Au pain de Nicée…
En 325, Nicolas participe au premier concile de Nicée. Assemblée d’évêques, qui doivent résoudre certains problèmes de l’Eglise. Et Nicolas sait régler les problèmes. Lorsque Arius, un autre évêque, le contredit, Nicolas le frappe d’une bonne droite qui sèche l’évêque hérétique.
Suite à cet échange d’opinion, Nicolas fera un petit tour en prison. Libéré, il reprend sa petite vie tranquille.
Nettoyage de Printemps
A ses heures perdues, Nicolas est un peu paysagiste. Quand il trouve que le temple païen de Diane fait un peu tache dans le paysage, il le détruit ! Et tant pis s’il aurait pu être inscrit au patrimoine mondial de l’humanité…
The end ?
Lorsqu’enfin, après une vie bien remplie, le bon vieux Nicolas reçoit la vision de sa mort, il finit la messe, rentre chez lui, et meurt, un 06 décembre 345.
Depuis son tombeau, une huile odorante suinte de sa tête. Elle aurait le pouvoir de guérir et surtout de protéger le défunt de la putréfaction. Le business des fioles remplit du saint baume marche du feu de… enfin, marche bien, quoi. C’est que l’évêque Nicolas est monté dans la hiérarchie, c’est un Saint homme désormais.
Le déménagement
Et l’histoire continue. Au 11ème siècle, suite à la raclée que subissent les Byzantins à la bataille de Manzikert, les Turcs sont en vue de Myre, et l’on craint pour la dépouille du Saint. Un appel d’offre est lancé. Les Vénitiens y répondent mais sont coiffés sur le poteau par des marins de la ville italienne de Bari, qui embarquent les reliques de Saint-Nicolas. A destination, on construit la basilique qui doit servir de demeure éternelle aux Reliques.
Moins connu, la fête Saint-Nicolas du 08 mai commémore l’arrivée du Saint à Bari.
Mon précieuuux…
On s’arrache Saint-Nicolas !
La réputation du Saint, désormais, n’est plus à faire, et tout le monde en veut un morceau !
Un petit malin, chevalier Lorrain de métier, accompagnant les marins de Bari lors de la translation des reliques, y « emprunte » une phalange du Saint et la ramène dans son village natal, Port, en Lorraine. Aussitôt, des miracles se produisent ! Plus question alors de rendre le bout de doigt. Ni une, ni deux, une basilique est bâtie. Dans la foulée on change le nom du bourg en Saint-nicolas-de-Port…
La ville de Fribourg, en Suisse, est plus chanceuse. Sa belle cathédrale de style gothique s’enorgueillit d’y abriter un des humérus de Saint-Nicolas. C’est d’ailleurs dans la ville de Fribourg qu’a lieu, de nos jours, le plus grand rassemblement de fidèle pendant la fête du Saint.
On se l’arrache, je vous dis! Tout le monde veut bénéficier de ses pouvoirs, et Saint-Nicolas devient le super-héros, ou le Saint Protecteur, comme on voudra, de la Russie, de la Grèce et de la Lorraine !
On le vénère aux Pays-Bas, en Belgique, en Pologne, dans l’Est et le Nord de la France, en Allemagne, en Suisse, en Autriche, Russie, Grèce, Luxembourg, Croatie, Autriche, Serbie, Slovaquie, Albanie, Chypre, Hongrie, Slovénie, Roumanie, Bulgarie, Ukraine, … Pour ceux qui ont lu la liste en entier, un pays revient deux fois, lequel ?
Loin de sa terre natale, Saint-Nicolas va-t-il enfin trouver le repos ? Absolument pas ! Les miracles continuent…
A que Cunon !
Un chevalier Lorrain, le Sire De Réchicourt, participe à la sixième croisade en 1240. Surestimant ses capacités d’escrimeur, il est fait prisonnier et croupit, dans l’attente de son exécution, dans des geôles peu ragoutantes. Un soir d’été, dans les effluves de jasmin et d’orangers, avec la lune pour complice, Cunon (c’est son prénom), prie Saint-Nicolas de lui envoyer une bouteille de Quetsch, ou une part de quiche lorraine, des bonbons des Vosges, un bon bain pour son geôlier, bref, on ne sait plus trop. Toujours est-il que Cunon s’endort en Terre Sainte, et se réveille sur le parvis de la basilique Saint-Nicolas-de-Port ! TINDIN !!! Les chaînes qui l’étreignent sont alors exposées dans l’édifice, et un pèlerinage, depuis, y a lieu.
Saint-Nicolas ne s’arrête plus. Il va même sauver Saint-Louis, mal engagé, dans une tempête méditerranéenne.
Une fuite, zéro mariage
Un autre jour, Un jeune homme, nommé Bernard, est promit en mariage à une riche héritière, Marguerite. Mais Bernard n’aspire qu’a une vie simple de religieux. Son père, pas du tout d’accord, l’enferme dans sa chambre en attendant l’heureux évènement. Désespéré, Bernard prie Saint-Nicolas, qui apparait alors, et ordonne au futur marié de sauter par la fenêtre et de s’enfuir. Saint-Nicolas et les anges s’occuperont de le réceptionner dans sa chute, cinq mètres plus bas. Bernard s’exécute et part à Aoste où il en deviendra l’Archidiacre.
La Lorraine Jeanne d’Arc, qui deviendra une héroïne Française, s’arrêtera prier dans l’église de Saint-Nicolas-de-Port, avant de poursuivre son chemin qui la mènera auprès de Charles VII, futur roi de France.
Au 16ème siècle, Martin Luther tente de remplacer le Saint évêque (catholique, forcément…), en lui refourguant une jolie blondinette, qu’il fait appeler « ChristKindel », en français « le Petit Jésus ». Les fidèles, pas dupes, n’en démordent pas et garde leur saint chéri.
Catherinettes et Nicolas…
Car L’aura de Saint-Nicolas est telle qu’il va devenir le Saint tutélaire des enfants, des marins, des prisonniers, et même des célibataires…
D’ailleurs, les hommes non mariés de 30 ans ont leur fête le 06 décembre, à la Saint-Nicolas ! Préparez vos chapeaux…
Aux Pays-Bas, Saint-Nicolas se nomme Sinterklaas. Au 17ème siècle, des colons néerlandais débarquent au Nouveau Monde, avec dans leurs baluchons, leurs traditions et…Sinterklaas, qui deviendra au fil des siècles, Santa Claus, le Père Noël Américain.
Saint-Nicolas ne fait pas HO! HO!
Assagis par les ans, le bouillonnant Nicolas s’est mué en gentil vieil homme, à la barbe blanche, distribuant des cadeaux aux enfants attendris. Profitant de ce petit coup de mou, un gros barbu joufflu buvant trop de soda, lui a subtilisé la première place des fêtes de fin d’année.
Mais Nicolas n’a pas dit son dernier mot. Dans l’ombre, il mobilise ses troupes…
En 1951, à Dijon, une figurine du Père Noël grandeur nature est brûlée.
En 2002, nait un mouvement protestataire contre le Père Noël, et pour le retour de Saint-Nicolas au sommet des fêtes de fin d’années…
En 2015, la veille de Noël, à Stettler en Alberta, un homme déguisé en Père Noël, braque une bijouterie avant de fuir à bord d’un puissant Hummer. D’après la rumeur, il semblerait que le coupable soit Saint-Nicolas en personne, voulant faire porter le chapeau à Santa, mais chuuttt ! je ne vous ai rien dit…
Nico le farceur !
Oui, notre bon vieux Saint-Nicolas est plein de surprise.
Et il a dû bien se marrer à l’annonce des archéologues Turcs. En 2013, ils prétendent avoir retrouvés le tombeau de l’évêque de Myre, donc Saint-Nicolas, mais également son corps… Alors qui est réellement Saint-Nicolas …?
Bonhomme Saint-Nicolas Une petite tradition, facile et marrante à faire. Une bonne brioche, chaude et bien dorée, façonnée en forme de personnage. D’après certains spécialistes, façonner la brioche en personnage permettait de se protéger du mauvais œil, en plus d’être bon !
Bonhomme Saint-Nicolas
Préparation : 1h30mn Cuisson : 25mn
Ingrédients
500 gr de farine 100 gr de sucre semoule 250 ml de lait 100 gr de beurre ½ cube de levure boulangère fraiche (21 gr) 1 œuf 1 sachet de sucre vanillé 1 pincée de sel 1 jaune d’œuf
Réalisation
Délayez la levure dans le lait tiédit. Dans un récipient, mélangez la farine, le sucre, le sucre vanillé, le sel, et l’œuf. Rajoutez le beurre ramollit en pommade et pétrissez en ajoutant progressivement le lait avec la levure. Bien pétrir jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène et non collante. Laissez lever la pâte environ 45 minutes dans un endroit chaud en la recouvrant d’un torchon propre. Expulsez l’air de la pâte en l’aplatissant, puis découpez des boules que vous modelez en forme de « cigare » avec une tête. A l’aide d’une paire de ciseaux, coupez dans la pâte, les bras et les jambes. Laissez à nouveau lever la pâte 30 minutes environ. Préchauffez votre four à 180° c. A l’aide d’un pinceau, badigeonnez les Brioches avec le jaune d’œuf, et enfournez pour 15-20 minutes.
Astuce gourmande : Pour se plonger un peu plus dans l’ambiance des fêtes, avant d’enfourner, saupoudrez vos Bonhommes de sucre semoule et de cannelle.
Vous rêvez d’aventures ? de dépaysement ? Connaître le grand frisson…alors laissez-vous déambuler dans les douces et sombres rues et ruelles du temps d’avant… d’avant quoi me demanderez-vous ? D’avant les grands travaux d’assainissement des villes, ceux-là même qui ouvrir de larges artères dans ces quartiers enserrés sous la protection fantomatique de murailles depuis longtemps obsolètes. Les restes pittoresques de ces temps révolus, participent au charme des villes, avec ses ruelles tortueuses et mystérieuses…
Contre Sirop’s vous y emmène faire un petit tour !
Deux-trois tours à la Matrix, abracadra, et vous voilà projetés dans les couloirs du temps…
Motivés, vous avancez dans ce dédale grouillant, tel un escape Game grandeur nature. Tout de suite, l’odeur agresse. Dans cette rue du 16ème siècle, la vie se passe à l’extérieur. Les origines rurales sont encore bien présentes, les animaux de basse-cour se promènent librement entre les charrettes et les étals qui encombrent la voie. C’est un véritable Capharnaüm dans cet enchevêtrement tortueux et obscure, infesté de nuisible, mais vous avancez encore, déterminés. On parle, on crie, on vous bouscule. La lumière du soleil ne touche pas la rigole pavée qui sert à l’évacuation des eaux sales, les maisons à encorbellement s’y opposent (le premier étage dépasse du rez de chaussée). Elles ont déjà été reconstruites plusieurs fois, suite à des incendies, car elles sont en bois et en torchis.
Tout à coup, sans prévenir, vous vous retrouvez rincés de la tête aux pieds. Vous apercevez des bouts d’excréments sur votre manche et vous comprenez que ce liquide puant qui vous plaque les cheveux, est de l’urine. On vient de « tirer la chasse d’eau » au-dessus de votre tête ! En gros, cela consiste à vider son pot de chambre, et au 16ème siècle, les premières lois qui obligent à prévenir au moins trois fois avant de jeter ses déjections par la fenêtre ne sont pas encore tout à fait respectées…
Sans blague ! Ainsi rafraîchis, vous comprenez la rapidité de transmission des grandes épidémies. Vous regardez, méfiants, quelques loqueteux, crouteux et pustuleux, mendier quelques bonnes actions. En vous éloignant, vous vous retrouvez dans un coin un peu moins fréquenté. On vous suit ! vous accélérez le pas mais bientôt quelques drôles à la mine patibulaire vous barrent le passage. Vous vous relevez quelques minutes plus tard, le visage tuméfié et le nez en sang, proprement rossés et dépouillés du peu que vous aviez, dont votre téléphone portable dernière génération (on vous avait dit de ne pas le prendre !).
Chaque quartier ou presque possède sa cour des miracles. Ainsi dénommés car les mendiants estropiés retrouvaient comme par magie, l’usage de leurs membres une fois de retour dans leur repère, où sévissait la plus grande pauvreté.
Le quartier, on y vit, et on y meurt. C’est un signe d’appartenance. Ainsi, à Paris, on se bat entre quartiers, du faubourg Saint-Marcel et de celui de Saint-Jacques. A l’époque, on savait s’amuser ! C’est une véritable bataille, on incendie, on tue, on égorge. Le calme ne reviendra que lorsque seront disposées quelques potences bien visibles, et pendus de pauvres bougres anonymes. A cette époque, la justice est expéditive et pas toujours juste avec les gens du peuple.
Un joli pont habité de plusieurs maisons à colombages se dresse devant vous. De votre œil encore valide, vous admirez l’ouvrage. Une bonne restauration, quelques boutiques de luxe et un salon de thé… vraiment, ce pont vous inspire !
A l’époque, on y construit son logement ou son local commercial pour y être exempté de taxe, notamment du Cens (taxe que l’on doit au propriétaire du sol) et de l’Octroi (taxe sur les marchandises). Et pourtant, ce pont sera détruit. Car en même temps que l’on construit en hauteur, les habitants y creusent dans les fondations de bois quelques réduits qui servent de cave d’entreposage. Fragilisés, les ponts ne font pas longs feux !
Pour atténuer le martellement des roues des carrosses qui passent à toute berzingue devant la maison d’un malade, on dépose une bonne couche de fumier devant ladite demeure. Voulant préserver la propreté de vos chausses, vous vous écartez sur la chaussée, quand soudain, un attelage débouche à une vitesse d’enfer et vous culbute sans s’arrêter. Vous restez là, agonisant, comme le décrit Louis-Sébastien Mercier dans son « tableau de Paris » :
« Il n’a reçu aucun frein, malgré les réclamations journalières. Les roues menaçantes qui portent orgueilleusement le riche, n’en volent pas moins rapidement sur un pavé teint du sang des malheureuses victimes qui expirent dans d’effroyables tortures… »
Après moults plaintes, on attribue un tarif par blessure, selon la partie du corps blessée. En cas d’accident mortel, la police examine la responsabilité. Si les petites roues de devant sont incriminées, alors le cocher est responsable et devra payer des indemnités. Si ce sont les grandes roues de derrière, la responsabilité est au défunt. Bien sûr, à 90 pour cent le cocher ne paye pas, puisqu’il ne s’arrête même pas…
Voilà que votre aventure s’arrête pitoyablement, estropiés et recouverts de fumier.
En convalescence, vous apprenez quelques belles et terribles légendes sur la brochure que nous vous avions procuré.
A Honfleur, la Ruelle de la petite sirène n’a pas d’origine Danoise. Elle est connue sous ce nom depuis au moins 400 ans. Le corsaire Jean Doublet, décrit d’ailleurs l’apparition de quelques-uns de ces êtres aquatiques, et certaines sirènes avaient la fâcheuse habitude de faire bronzette sur les rochers du rivage !
A Prague au XVIème siècle, l’empereur Rodolphe II fait construirela Ruelle d’Or, aux maisons colorées, afin d’abriter les alchimistes du royaume, loin des regards indiscrets, en échange de la Pierre Philosophale, bien sûr.
Et que dire de la Ruelle des Chats, à Troyes, célèbre pour ses chats sauteurs de maisons en maisons…
Les demeures des ruelles de Guernesey sont équipées d’étranges pierres plates en haut des cheminées. Ce sont les « witches’stone », les sièges pour sorcières ! Cette petite attention pour ses folles aux balais, permet, pense-t-on, d’éviter leur courroux !
Votre couple bat de l’aile ? Précipitez-vous à Guanajuato, au Mexique. En plus de vous payer un beau voyage, vous pourrez tester la légende de la Ruelle du Baiser. Carmen, la fille d’un veuf, aimait Luis. Mais son père ne le voyait de cet œil-là. Il séquestre sa fille dans sa chambre et lui interdit de revoir son Jules. Mais le bien-aimé vit de l’autre côté de la rue, dans une maison qui touche presque celle de sa dulcinée. Par un beau matin, revenant d’on ne sait où, le père aperçoit les tourtereaux se bécotant depuis la fenêtre de leur chambre respective. Furax, le père trucide sa fille d’un coup de couteau ! la légende veut que si un couple s’embrasse sur la 3ème marche de la ruelle, votre amour durera éternellement…
Allez, toujours dans le sanglant. On arrive dans les ruelles sombres et ténébreuses…
La Ruelle rouge, à Laon. C’est la tête d’un évêque que l’on fend en deux. Puis, son cadavre ensanglanté est exposé dans la ruelle. Depuis, on entendrait ses pas…
Pour finir en beauté, la Mary King’s Close d’Edimbourg finira de vous faire regretter la douceur de vie du 17ème et 18ème siècle. Il parait que c’est le lieu le plus hanté d’Ecosse, surtout lorsqu’on la condamna, lors de la Grande Peste de 1645, avec ses 300 résidents mourants…
Finalement, vous vous dites que malgré tout, vous avez bien fait, car vous avez échappé à l’aventure « du barbier et du pâtissier » que nous vous proposions également…
Au 14ème siècle, à Paris, c’est un fait divers sordide qui va donner naissance à la légende. Dotés d’un certain sens des affaires, un barbier et un pâtissier vont s’associer pour régaler le tout-Paris. Dans ses appartements, le barbier proposait ses services aux clients. Faisant mine de les raser, il leur tranchait tout bonnement la gorge avant de les écorcher et de finir le travail en broyant le corps du malheureux. La viande ainsi hachée, tombait par un conduit donnant directement dans la boutique du pâtissier, qui en faisait de délicieux pâtés dont se régalait, dit-on, Charles VI en personne ! les deux complices furent démasqués lorsque le chien d’un client réduit en steak haché, aboya tant et si bien devant l’antre des apprentis culinaires, qu’il donna l’alerte. Les faussaires meurtriers furent démasqués et finirent carbonisés dans une cage de fer !
Il fallut bientôt se repérer dans ce labyrinthe chargé d’animaux de boucherie, de légumes, de peaux de tannages… les habitants eux-mêmes commencèrent à donner des noms aux rues et ruelles, selon les spécialités des corps de métiers, des activités, etc…
Ainsi s’exprima la poésie de ces temps oubliés :
Rue de la femme sans tête ; Rue grant truanderie ; Rue du chat-qui-pêche* ; Rue de merderet ; Rue tire-boudin ; Rue putes y musent ; Rue bertault qui dort ; Rue de la descente de la vallée de misère ; Rue gratte-cul ; Rue tire-vit ; Rue du gros pet ; Cul de sac du ha ! ha ! ; Rue poil au con ; Rue trace-putain…
*Rue du chat-qui-pêche : originellement tiré d’un vieux proverbe : « aller voir pêcher les chats », signifiant être naïf, se faire avoir…
Un petit florilège de saveurs d’antan… Sauce Cameline, Hypocras et Oublies !
Hypocras
Préparation : 20mn
Ingrédients
75 cl de vin rouge de Bourgogne 200 gr de miel liquide 1 cuillère à café de coriande moulue 1 cuillère à café de cannelle moulue 1 cuillère à café de gingembre rapé 5 clous de girofle 1 cuillère à café de poivre noir en grains
Réalisation
Dans une casserole, faites chauffer un peu de vin et le miel jusqu’à dissolution de celui-ci. Transvasez le liquide dans un récipient et ajoutez le reste du vin. Broyez les épices et les ajoutez au vin. Laissez macérer une nuit complète. Filtrer la boisson, servez frais au réchauffé.
Sauce Cameline
Préparation : 20mn
Ingrédients
25 cl de vin rouge 2 cuillères à café de cannelle moulue 1 cuillère à café de gingembre moulu 1 cuillère à café de vinaigre de vin rouge 1 cuillère à soupe de raisins secs 1 cuillère à soupe de sucre roux 1 bonne tranche de pain
Réalisation :
Coupez le pain en croutons et faites-les dorer dans une poêle. Trempez le pain et les raisins dans le vin et le vinaigre. Laissez imprégner. Mixez en ajoutant les épices. Dans une casserole, ajoutez le sucre et faites chauffer doucement la sauce jusqu’à l’obtention de la consistance désirée.
La sauce Cameline était très utilisée au Moyen-Age pour accompagner les viandes rôties.
Les Oublies
Préparation : 20mn
Ingrédients
200 gr de farine 100 gr de miel 2 œufs 50 gr de beurre 1 gaufrier
Réalisation :
Dans un récipient, formez un puit avec la farine. Versez au centre, les œufs, le miel et le beurre fondu. Malaxez avec la farine afin d’obtenir une boule de pâte ferme et homogène. Laissez reposer 1h. Découpez et formez des boules de pâte de la grosseur d’une noix.
Placez une boule dans le gaufrier chaud, et refermez en appuyant fortement, les Oublies doivent être fines. Laissez juste dorer.
Fous de flocons ! C’est un endroit insolite, pour une expérience insolite. Bien à l’abri du soleil californien, un professeur de physique du prestigieux California Institut of Technology (CalTech) de Pasadena, a créé une machine à fabriquer des flocons de neige ! Mais pas n’importe quels flocons. Kenneth Librecht expérimente la reproduction identique de flocons de neige. Une expérience un peu folle et poétique, car d’après le proverbe, aucuns flocons ne se ressemblent…
A l’état naturel, ces magnifiques structures éphémères
naissent dans ces nuages froids et cotonneux, bien haut, au-dessus de nos
têtes.
De la vapeur d’eau s’agglomère autour de microparticules en suspension (poussière, fumée, sable…) et vont cristalliser autour de ce noyau, lorsque la température est suffisamment basse. La structure et l’agencement chimique des molécules d’eau forment des hexagones sur lesquels se développent de fragiles étoiles à six branches. Les flocons s’agglutinent entre eux, et tombent en averse neigeuse.
Notre scientifique, expert en nivologie (étude du phénomène neigeux), doit donc contrôler tous ces paramètres s’il veut arriver à ses fins.
Histoire de l’aider moralement, son collègue astrophysicien, Ethan Siegel, un peu farceur, a calculé qu’un seul flocon possède dix milliards de milliards de molécules d’eau, ce qui donne autant de possibilités d’assemblages, les chances pour que deux flocons soient identiques sont donc quasi-nulles.
Ce n’est pas « Snowflake » qui aurait dit le contraire. De son vrai nom Wilson Bentley, cet agriculteur américain a photographié pendant 40 ans des milliers de flocons de neige. Et aucun des clichés de ses « fleurs de neige » comme il les appelait, ne se ressemblaient.
Pourtant, en 1988, le Guinness des records a validé une
photo représentant deux flocons « paraissant » identiques…
Passionnante neige. Ces propriétés acoustiques et isolantes
ont poussé un viticulteur français à enfouir pas moins de 1200 bouteilles de
vin dans 3 mètres de poudreuse bien grasse, et de laisser vieillir son contenu
5 mois durant, dans le noir absolu, et plutôt frisquet !
Reine des neiges…
Nos ancêtres la vénéraient, et la craignaient.
Au Japon, gare à Yuki Onna, sorte de Dame blanche, qui apparait
lors des tempêtes de neige et attaque les malheureux n’ayant pas trouvé refuge…
Dans la tradition Inuit, rêver d’oiseaux est signe annonciateur d’une tempête de neige…
Hawaï aussi a sa déesse des neiges, Poliahu, protégeant le sommeil du Mauna Kea.
Et que dire de Snégourotchka, petite fille du Père noël
Russe ?
Même sur Mars elle tombe en furie !
Blanche-neige n’a pas survécu !
Notre sujet ne serait pas tout à fait complet si nous ne
parlions pas de Blanche-neige. Fabuleux conte recueillit par les frères Grimm
au 19ème siècle et rendu populaire par Disney.
L’histoire d’une belle et douce princesse, d’une méchante belle-mère
et de nains travailleurs. Et si…
Nous savons que les frères Grimm n’ont jamais inventé de contes, ils recueillaient des traditions orales, puis les remaniaient afin de les rendre fabuleux (fable). Mais serait-il possible que ces traditions aient une source historique ?
C’est ce que révèleraient les recherches d’historiens
allemands, en identifiant les lieux et les personnages du conte.
Ainsi, deux vérités historiques sembleraient avoir servies de base au récit…
Margaretha von Waldeck au 16ème siècle, jeune et belle princesse, fille de Philippe IV. A la mort de sa mère, Margaretha n’a que 4 ans, son père se remarie alors avec Katharina von Hatzfeld et les problèmes commencent. A 16 ans, Margaretha est envoyée à la cour impériale de Bruxelles afin de se trouver un mari. Son voyage la fait traverser le Siebengebrige (les sept collines), truffé de mines de cuivre, exploité à l’époque par une majorité d’enfants (les nains ?). Elle meurt empoisonnée à l’âge de 21 ans.
Au 18ème siècle, c’est une autre princesse allemande, réputée pour sa grande beauté. Maria Sophia Margaretha Catharina d’Ertal subit le despotisme de sa belle-mère au château de Lohr. On y retrouve une vitrerie de réputation internationale (cercueil de verre ?), un miroir (parlant ?) encore visible au château, la fuite de la jeune princesse au travers des forêts et montagnes de la région, des mines, exploitées par des enfants, et une fin tragique, par empoisonnement. La toponymie de nombreux lieux aurait gardé la trace de ces événements.
Fêtes des neiges…
Enfin emmitouflés dans vos polaires, rendez-vous aux
festivals de sculptures sur glace et neige d’Harbin, en Chine, immense complexe
éphémère de reproductions architecturales grandioses, ou au festival de la
neige de Sapporo, au Japon. Ne ratez pas le carnaval de Québec, ou le bal de
neige d’Ottawa… et si le temps vous manque, profitez simplement, le temps d’une
promenade, du silence feutré du blanc manteau…
« On appelle Œufs à la neige des œufs battus de manière que la mousse ressemble à la neige » Dictionnaire de l’Académie Française, 1798 . En voici la recette :
Œufs à la neige
Préparation : 15mn Cuisson : 30mn 4
Ingrédients
1L de lait 8 œufs 250 gr de sucre en poudre 1 gousse de vanille 1 à 2 poignées d’amandes effilées
Préparation
Cassez les blancs dans un cul-de-poule et les jaunes dans un autre. Faites bouillir le lait avec 100 gr de sucre et la gousse de vanille ouverte en deux. Montez les blancs bien fermes. Lorsque le lait frémit, mettez-y les blancs en grosses cuillérées. Faites cuire 1mn de chaque côté, en les retournant à l’aide d’une écumoire. Egouttez et réservez. Rajoutez 150 gr de sucre dans les jaunes d’œufs, et faites blanchir à l’aide d’un fouet. Versez le lait frémissant sur les jaunes après avoir retiré la gousse de vanille et mélangez jusqu’à obtenir une crème fluide et onctueuse. Laissez refroidir. Pendant ce temps, faites griller les amandes au four, puis laissez refroidir. Lorsque la crème Anglaise est bien refroidie, versez dans un plat creux, et ajoutez par-dessus les blancs en neige. Parsemez d’amandes grillées. Vous pouvez faire un caramel et le verser sur la préparation.
Pour beaucoup, c’est LA destination romantique par excellence. Avec ses ponts, ses canaux, ses ruelles et ses palais, Venise fascine. C’est la Dolce Vita. Son architecture témoigne de sa richesse passée et de l’habileté de ses marchands. Et quiconque s’empare des Aigles de Rome, hérite de sa puissance ! C’est ainsi, qu’à travers le monde, des répliques de la Cité des Doges sont bâties. La magie attractive de la Cité-Mère s’exporte et se vends bien.
En 1999, de la terre sèche de Las Vegas sort l’hôtel-casino « The Venetian », réplique d’une Venise idéalisée, avec ses canaux et gondoles, importés directement d’Italie. D’une capacité initiale de 3036 chambres, un agrandissement de 1013 chambres supplémentaires, puis d’une expansion avec le « Palazzo » en fera le plus grand hôtel du monde. L’hôtel abrite le musée de cire « Madame Tussaud » de Las Vegas, en plus de nombreux restaurants, plusieurs piscines, d’une boite de nuit et d’un Spa.
En 2004, naît son petit frère, à Macao. Les superlatifs sont toujours de mise. Avec ses 850 tables de jeu et ses 4500 machines à sous, « The Venetian » Macao est le plus grand casino d’Asie !
A Dalian, dans la province du Liaoning, en Chine est créé une réplique de Venise d’une superficie de plus de 400 000 mètres carrés pour un montant d’un milliard de dollars !
On adore Venise ! Les projets se multiplient.
A Dubaï, sera inaugurée en 2020, une Venise flottante, avec des gondoles Italiennes.
Venice, quartier Ouest de Los Angeles. Eblouit lors de son séjour à Venise, le promoteur et homme politique Abbot Kinney, construit en 1906 un parc de loisirs reproduisant les canaux vénitiens, avec gondoles et gondoliers. Le nom du quartier en garde le souvenir.
On ne dénombre pas moins d’une centaine de villes prétendant
au titre de Venise locale ou régionale de part le monde. Signe d’une
reconnaissance immortelle du charme mystérieux de cette ville plus que
millénaire, bâtie sur 118 îles. 435 ponts enjambent 177 canaux, parcourus par
425 gondoles.
C’est un plancher de centaines de milliers de pieux et de
planches en chênes ou mélèzes qui supporte la ville éternelle. Mais était-elle
réellement éternelle ?
Venise à jouer sa Pièce, et pendant qu’elle sombre, on copie la Sérénissime.
Un petit air de Carnaval vénitien avec la recette des Frittelle alla Venezia !
Frittelle alla Venezia
Préparation : 20mn Cuisson : 20mn 6
Ingrédients
200 gr de farine 20 cl de lait 50 gr de raisins secs 10 gr de levure de bière 50 gr de sucre semoule 1 œuf 1 pincée de sel Sucre glace Rhum Huile de friture
Préparation
Dans un bol, hydratez les raisins dans de l’eau chaude. Ajoutez un peu de Rhum. Laissez gonfler et égouttez les raisins. Dans un récipient, mélangez la farine avec l’œuf, le sel, le sucre semoule et les raisins. Diluez la levure avec la moitié du lait chauffé, puis l’incorporer à la pâte. Pétrissez avec le reste du lait froid. Couvrez et laissez lever 1h dans un endroit chaud. Faites chauffer l’huile de friture. A l’aide d’une cuillère à soupe, faites frire des boules de pâte. Sortez-les lorsqu’elles ont une belle couleur dorée. Disposez-les sur du papier absorbant et saupoudrez-les encore chauds de sucre glace.
Aux 12èmes siècles, après ses conquêtes sur les peuplades Slaves, Albert 1er dit « l’Ours » organise son territoire nouvellement acquis en « Marche de Brandebourg ». Il lui faut désormais coloniser ses terres, au peuplement épars et païen. Il décide donc pour ce faire, de recruter les futurs chanceux parmi la population Flamande. Rompus au commerce et à l’agriculture, ces derniers vont s’établir progressivement dans la région de la rivière Spree. Certains vont s’installer sur une petite île en se mêlant aux pêcheurs Slaves. L’endroit n’est pas choisi au hasard, il se trouve à la croisée de routes commerciales, facilement défendable et propice au commerce de poisson, de fourrure et de bois. L’île se nomme « Cölnn ». Très vite, le manque de place oblige ses habitants à construire sur la rive Nord de la Spree. Cette extension de Cölnn va en fait devenir une entité à part sous le nom de Berlin. La 1ère mention de Berlin est attestée en 1244. Commence alors un fulgurant développement pour les deux cités jumelles. Intimement lié à la maison des Hohenzollern, Berlin va fusionner avec Cölnn en 1709 pour ne former qu’une seule et même ville. Cette dynamique de fusion et d’absorption des cités proches se retrouve aujourd’hui dans les différents quartiers de la Capitale Allemande, autrefois villes distinctes. Tour à tour Capitale du Brandebourg, du Royaume de Prusse, de l’Empire Allemand…elle subit les soubresauts de l’histoire du 20ème siècle pour devenir en 1990, la capitale d’une Allemagne réunifiée.
Et pourtant, son histoire à bien faillit prendre une tournure moins glorieuse. Au 17ème siècle, à la fin de la guerre de Trente ans, la ville est exsangue et a perdu plus de la moitié de sa population. Un acte tragique et un homme vont redonner une chance à la cité. Cet acte tragique, c’est la révocation de l’Edit de Nantes en France par Louis XIV, obligeant les protestants Français à se convertir au Catholicisme ou à quitter le Royaume. L’homme, c’est Fréderic-Guillaume 1er, électeur de Brandebourg et Duc de Prusse, qui voit là une occasion unique de repeupler son territoire dévasté, et en particulier sa Capitale. Onze jours après l’Edit de Fontainebleau qui abolit les libertés et privilèges des Protestants du Royaume de France, Fréderic-Guillaume proclame l’Edit de Postdam dans lequel il offre un sauf-conduit et des avantages à l’installation des Protestants Français qui souhaiteraient venir vivre sur ses terres. Plus de vingt mille Huguenots (nom donné aux Protestants Français) vont répondre à l’invitation, dont 6000 vont s’installer dans la Capitale berlinoise. Cet afflux de population hautement qualifiée va redonner une impulsion à la ville. Les Huguenots Français vont d’ailleurs laisser leur empreinte dans l’architecture de la cité avec la Cathédrale Française et son cimetière. Berlin va pouvoir reprendre son développement dans un bouillonnement culturel et artistique…
Berlin la Bourbeuse…
Avant que les habitants de Cölnn ne s’établissent sur la rive Nord et posent les fondations de la future Capitale Allemande, le site, marécageux, était désigné par la population Slave sous le nom de « Berlo », désignant un emplacement bourbeux. L’étymologie populaire fait de Berlin, la ville de l’ours « bär » et expliquerait ainsi l’emblème de la ville, un ours noir sur fond blanc. Celle-ci doit être plutôt recherchée dans sa première apparition, sur le sceau d’un marchand de fourrure…d’Ours !
En 1949, une restauratrice Berlinoise, va combiner les influences Américaines, Allemandes et Anglaises présentes dans le Berlin d’après-guerre, en créant la Currywurst. La saucisse est Allemande, le ketchup Américain, le curry et la sauce Worcestershire Anglaise. Devenue depuis emblématique de la restauration rapide de Berlin, chaque snack possède sa propre recette, mais les ingrédients principaux restent les mêmes. En voici une recette, soyez inventif si vous voulez la personnaliser…
Currywurst Berlinoise
Préparation : 15mn Cuisson : 5 mn 4
Ingrédients
4 saucisses (Bratwurst, mais la Francfort ou Knack fera l’affaire) 200 ml de ketchup 200 ml de pulpe de tomate 2 cuillères à café de curry en poudre + à saupoudrer 2 cuillères à soupe de sauce Worcestershire 1 cuillères à soupe d’huile d’olive 1 oignon 1 cuillère à soupe de sucre 1 cuillère à soupe de concentré de tomate Sel, poivre
Préparation
Epluchez et émincez l’oignon. Faites-le dorer quelques minutes dans une poêle avec le concentré de tomate et le curry. Ajoutez la pulpe de tomate, la sauce Worcestershire, le sucre et le ketchup. Laissez mijotez à feu doux une dizaine de minutes. Rajoutez de l’eau si la sauce est trop épaisse. Mixez-la afin d’obtenir une sauce lisse et onctueuse. Laissez tiédir. Faites griller les saucisses à la poêle. Coupez-les. Dans une assiette ou contenant en carton ou plastique, disposez les morceaux de saucisse, nappez généreusement de sauce au Curry.
Accompagnez de frites et saupoudrez d’un peu de Curry. Dégustez…
Une soirée entre amis, votre hôte ouvre la bouteille de vin que vous avez ramenée et remplit les verres. Première gorgée, votre vin est âpre, Il râpe dans la bouche. Bon sang ! Que vont dire les autres invités ? Embêtant non ? Surtout si vous avez payé la bouteille assez chère. Mais alors, d’où vient cette astringence ? A défaut d’avoir une autre bouteille, vous pourrez au moins l’expliquer en disant que vous l’avez fait exprès pour pouvoir parler… du Tanin !
Car c’est lui, le coupable ! Tout au moins coupable dans ce cas d’astringence un peu trop prononcée, car en règle générale, le tanin est plutôt l’allié du vin. Il en est même un ingrédient indispensable. C’est lui qui va lui donner du caractère, du corps. Sa teneur varie en fonction du cépage et de la maturité du vin, car plus le vin vieillit, plus la rugosité des tanins s’estompent.
« Mais où trouvent-t-on les tanins ? Quasiment partout dans le monde végétal. C’est une substance chimique que les végétaux produisent pour se protéger des attaques extérieures. Surtout concentrés dans l’écorce des arbres. Pour ce qui concerne le vin, on le trouve dans la peau du raisin et ses pépins. En moindre quantités dans le bois des tonneaux qui servent à l’élevage du vin.
Trop prononcé, le tanin va dénaturer la fonction lubrifiante
de notre salive et provoquer cette sensation de sécheresse buccale.
On retrouve cette sensation dans le thé, surtout lorsqu’il
infuse longtemps. »
Aller, on enfonce le clou plus loin pour faire oublier votre
bouteille de rouge râpeux, (et oui, parce que le tanin ne se trouve que dans le
vin rouge, le moût restant au contact des peaux et des pépins plus longtemps,
comparé au vin blanc) …
Vous levez fièrement votre stylo. « Savez-vous que l’on a utilisé le tanin végétal pour faire de l’encre, depuis l’Egypte antique, jusqu’au 19ème siècle ? c’était même le plus utilisé au monde, devant l’encre de Chine ! Et oui, mélangé à des Sels ferreux, la réaction chimique des tanins donne une encre noire, fluide et agréable à l’utilisation, celle utilisée dans les manuscrits enluminés du Moyen-âge ! »
Ça y est, vos amis ont votre attention, le problème, c’est
qu’ils reprendraient bien un verre…
« Et attendez ! L’utilisation la plus intensive du tanin à été dans le Tannage des peaux à cuirs. D’ailleurs, le tanin a donné son nom à cette activité. On connaissait ses propriétés depuis des milliers d’années. Même le mot Tanin viendrait du Gaulois « Tanno », chêne, arbre reconnu pour sa haute teneur en tanin.
C’est comme cela qu’à côté des moulins à blé sont nés les moulins à Tan. Après avoir prélevé l’écorce de l’arbre, on la broyait au moulin à Tan. La poudre brune-orangée doit être alors utilisée rapidement car elle reste fragile et perd vite ses qualités. »
Les toasts arrivent. Vos amis assoiffés, boivent en
grimaçant quelques gorgées de vin. C’est le moment de parler de votre voyage au
Québec…
« Je me souviens de mon séjour à Montréal, une exposition y racontait l’histoire et l’évolution des tannerie en Nouvelle-France. Le processus de tannage des peaux est long et fastidieux ! la grande majorité des tanneries doivent se trouver à proximité d’un point d’eau, car les peaux trempent de longs mois dans des cuves, superposées entre des couches de tanins, elles sont rincées et remises à tremper, ceci plusieurs fois ! L’odeur et l’humidité y étaient particulièrement désagréables.
Plusieurs métiers y prospéraient. Les écorceurs s’occupent
de prélever l’écorce des arbres, le meunier broie l’écorce, le boucher prélève
les peaux, le tanneur puis le cordonnier qui fabrique les produits finis,
chaussures et maroquinerie.
La tannerie a d’ailleurs été l’activité principale du Québec
pendant de nombreuses années, même sous la souveraineté anglaise. Ceci au
détriment de la quasi-disparition d’un type de conifère utilisé à la place du
chêne européen, la Pruche du Canada. »
Finalement, la bouteille de vin est vidée. C’est la tournée
des petits fours. Vous vous en êtes bien sortis…mais vos amis ne l’entendent
pas de cette oreille, ils veulent vous entendre encore !
Une goutte rubis tombe sur le canapé écru, la tache de vin
inspire immédiatement votre transition.
« Une autre utilisation du tanin a connue son apogée au 19ème et 20ème siècle, la teinture ! C’est le même principe chimique que l’encre noire. La réaction du tanin avec des éléments ferreux va produire différentes teintes.
Et voilà que l’industrie de la teinture va ingurgitée des
tonnes de tanin, et des milliers d’hectares de châtaigneraies
avec ! »
Le café est servi, le digestif aussi, plusieurs fois. On rit, on s’enflamme, vous aussi…
« Le tanin c’est tabou, on en viendra tous à bout ! Car, chers amis, on a découvert, en ce début du 19ème siècle, que le châtaignier possède une plus forte concentration de tanin que le traditionnel chêne. Et la France à cette époque, possède de nombreux massifs de châtaigneraies. L’industrie de la teinture va alors profiter de cette Manne extraordinaire et faire construire de nombreux moulins à extrait tannants.
Au 19ème siècle, la couleur noire impériale est alors à la mode, et la demande est forte. Un teinturier de Lyon va alors progressivement s’imposer dans le secteur en contrôlant la production d’extraits tannants. Il crée l’entreprise Progil, puis au fil du temps et des générations, la société deviendra co-fondatrice du groupe « Rhône-Poulenc » et digérée par lui.
Entre la teinture et le tannage des cuirs, des régions
entières vont se déboiser lentement. La région de Bastia, en Corse, sera
quasiment dépouillée de ses châtaigniers, de même dans le Limousin, et la
partie orientale de la Bretagne.
La France devient alors incontournable dans l’industrie des
extraits tannants, toujours à la base du traitement des cuirs et de la
teinture.
Une autre avancée technologique va être, elle aussi, consommatrice de tanin. Le train ! les chaudières des Locomotives sont détartrées avec un mélange de tanin et d’autre composés. Ce qui explique que les chemins de fer Français vont mettre à disposition leur réseau naissant de voies ferrées pour l’industrie des tanins.
La production de tanins synthétiques va précipiter « la
chute de l’Empire Tanin » !
Applaudis par vos amis, vous n’êtes pas peu fier de votre
chute. La soirée se terminera doucement, après la traditionnelle partie de
Tarot.
Après une bonne nuit de sommeil, vous vous réveillez de bonne heure, vers 13h. Encore tanné de la veille, vous avez besoin d’un bon plat roboratif. Cette histoire de tanin vous inspire, ce soir, ce sera un Bœuf Bourguignon !
Bœuf Bourguignon
Préparation : 20mn Cuisson : 3 à 4h 4
Ingrédients
800 gr de bœuf à Bourguignon 100 gr de lardons 75 cl de vin rouge (Bourgogne) 50 gr de beurre 250 gr de champignons de Paris 2 carottes 2 oignons 1 gousses d’ail 1 cuillère à soupe de farine 1 Bouquet garni Huile d’olive Sel, poivre
Préparation
Coupez le bœuf en morceaux. Dans une cocotte, faites revenir les oignons et les lardons avec le beurre et un peu d’huile d’olive. Retirez et faites revenir la viande dans la même graisse. Saupoudrez avec la farine et enrobez bien la viande. Mouillez avec le vin. Ajoutez les oignons, les lardons, les carottes épluchées et coupées en morceaux et l’ail écrasé. Salez, poivrez et ajoutez-y le bouquet garni. Couvrez et laissez mijoter à feu doux pendant 3 heures environ, la viande doit être fondante. 30 minutes avant la fin de la cuisson, ajoutez les champignons coupés en quart. A dévorer avec un bon vin, pas trop âpre…
Dans le ciel étoilé, une escadrille de
bombardiers Allemands s’apprête à déchainer une pluie de feu sur le sol
Anglais. Nous sommes en 1941 lors de la « Bataille d’Angleterre ». Soudain,
une dizaine de chasseurs Anglais, des Spitfires, zèbrent la nuit de leurs
rafales mortelles. Scheisse ! Mais comment font-ils pour repérer l’ennemi
dans la nuit ?
Leur secret ? une arme redoutable aux pouvoirs stupéfiants : la Carotte !
Placardé sur des panneaux de bois, des
affiches l’affirment, les pilotes Anglais obtiennent cette supériorité en
mangeant des carottes, excellent pour la vue !! On incite même la
population à cultiver ce légume, facile à faire pousser.
Comme on le sait tous, découragés devant tant
de Bêta-Carotène, les Allemands finiront par renoncer à l’idée d’envahir Albion
et ses blanches falaises.
Certains rabat-joie affirment de leur côté que
les services de propagande Anglais devaient sans cesse trouver des subterfuges
pour cacher aux Allemands l’utilisation de radars embarqués dans les chasseurs
de sa majesté…d’autres expliquent que, concernant la technologie du radar,
les Allemands avaient une longueur d’avance, et que la victoire Anglaise était
due davantage au projet Britannique « Ultra » qui consistait à
intercepter et décoder les communications Allemandes, et ainsi anticiper leurs
attaques.
Que nenni ! Autant de billevesées ne
peuvent ternir notre sucrée carotte !
D’autant que notre Super légume-racine n’en
est pas à sa première prouesse.
Née il y a des milliers d’années, à la
frontière Irano-Afghane, elle va être cultivée et utilisée d’abord comme épice.
Elle va lentement se différencier du Panais mais reste fibreuse et amère.
Voyageant vers l’Est, mais aussi vers l’Ouest, elle va diversifier sa couleur
originelle blanchâtre en rouge, violette ou jaune.
Au cours de ses pérégrinations, nous la
retrouvons chez nos amis Anglais, au Moyen-âge, qui l’utilise comme ingrédient
principal dans une potion luttant contre le Diable et la folie…Brrr !
Au 16ème siècle aux Pays-Bas, afin
de prouver leur fidélité au Prince régnant Guillaume d’Orange, des cultivateurs
vont sélectionner et croiser des carottes rouges et blanches afin d’obtenir la
carotte orange que nous connaissons aujourd’hui.
Elle va pouvoir partir à la conquête du monde !
Oh grands admirateurs de la Carotte ! Rassemblons-nous
à Holtville, Californie. Autoproclamée capitale de la Carotte, un festival
annuel lui est consacrée. Nous pourrons y déguster une bonne bière artisanale…à
la carotte (et oui…), et peut-être échanger d’alchimiques secrets afin de
battre les records authentifiés par le Guinness :
10,17 kg. Poids de la plus grosse carotte
jamais récoltée, enregistrée au Minnesota.
Et une fois de plus, nous recroisons la route
Anglaise avec le record de la plus longue carotte, d’une taille plus que
respectable de 6,245 mètres, cultivée dans le Nottinghamshire. Aurions-nous mis
à jour le secret du célèbre flegme British ?
La carotte, ne faisant rien comme les autres
légumes, est plus nutritive et plus digeste cuite que crue. Et pour les
Aficionados de « baby carotte », sachez qu’il ne s’agit pas de bébés
carotte, récoltées avant terme, ou d’une variété naine. Non, non, il s’agit
tout simplement d’une stratégie marketing qui consiste à modeler des carottes qui,
à l’origine, ne répondaient pas aux critères physiques de vente.
Alors, crue ou cuite, rouge, orange, jaune ou violette, faites comme les pilotes Anglais, pour avoir une vue perçante et les fesses roses, mangez des Carottes !
La carotte a cette faculté d’être cuisinée de multiples façons, crue, cuites, à la vapeur, en gratin, en purée… Voici une recette proposée par une de nos lectrices : Tarte à la Carotte et Parmigiano. En accompagnement, une proposition de carottes miel-cumin en salade.
Tarte à la Carotte et Parmigiano
Recette proposée par Amélie
Préparation : 10mn Cuisson : 30 à 40mn 6
Ingrédients 5 à 6 carottes 150 gr de parmesan frais 15 cl de crème liquide semi-épaisse 2 œufs 1 pâte brisée Muscade Sel, poivre
Préparation Préchauffez le four à 180°c. Lavez, épluchez et mixez les carottes. Foncez un moule à tarte préalablement beurré avec la pâte brisée. Dans un récipient, mélangez tous les ingrédients avec les carottes et versez dans le moule. Enfournez pour 30-40 minutes. Coupez de belles parts, servies avec une bonne salade fraiche…
Carottes Miel-Cumin en salade
Préparation : 10mn Cuisson : 20mn 6
Ingrédients 5 carottes 2 gousses d’ail 1 cuillère à soupe de miel 1 cuillère à café de cumin 1 citronHuile d’olive Coriandre fraiche Sel, poivre Salade (laitue, romaine,…)
Préparation Epluchez les carottes. Les faires cuire dans une casserole avec 50 cl d’eau salée pendant 20 minutes. Egouttez et coupez-les en rondelles épaisses. Dans une sauteuse, faites revenir les carottes avec l’huile d’olive, l’ail écrasé et le miel. Ajoutez le jus du citron. Faites caraméliser les carottes, elles doivent être légèrement croquantes. Salez, poivrez et saupoudrez de cumin. Laissez refroidir et parsemez de coriandre fraiche. Disposez sur un lit de salade. Dégustez…
All Hallows Eve, autrement dit « le soir de tous les saints », ou, plus communément, Halloween ! Nous connaissons tous cette fête de veille de la Toussaint qui consiste à se déguiser en d’horribles créatures et, pour les plus jeunes, à frapper aux portes afin d’obtenir quelques friandises.
Pour l’histoire avec un grand H, il est traditionnellement admis qu’Halloween à pour ancêtre une vieille fête Celtique, Samain. Elle consistait à célébrer la fin de l’été et le début des mois « sombres », c’est-à-dire l’hiver. Ce n’était plus l’été et pas encore l’hiver, une pause dans l’espace-temps, une faille où monde des esprits et des défunts côtoie celui des vivants ! Terrifiant, non ? pas de panique, une série de rites étaient pratiqués et destinés à apaiser les esprits les plus…soupe au lait.
A défaut de pouvoir l’éradiquer, la fête de Samain fut christianisée sous le nom de « soir de tous les Saints » et introduite sur le sol Américain via les Irlandais et les Écossais.
Celtique ou Romaine ? Mais voilà, des spécialistes nous racontent une autre histoire sur l’origine d’Halloween. Les Romains avaient, eux aussi, une fête et des rites contre les démons chafouins : les Lemuria. Elles se déroulaient au mois de Mai, pas très loin d’une autre fête d’importance Celtique : Beltaine, également au mois de Mai et où l’on risquait, là aussi, de rencontrer des êtres de l’Autre Monde. Et alors me direz-vous ? Il semblerait, d’après les spécialistes, que la Toussaint ait été instaurée à l’origine au mois de Mai pour combattre cette vilaine et sombre fête païenne des Lemuria qui sévissait dans l’empire Romain et en particulier à Rome. Dans les territoires Celtiques, la Toussaint aurait du même coup christianisée Beltaine. C’est vers 837 que le Pape Grégoire IV impose le 1er novembre comme fête de tous les Saints, christianisant au fil du temps la fête de Samain, faisant d’une pierre deux coups ! Alors, Halloween, Celtique ou Romaine ?
Telle une déesse sortie du fond des âges, sondant nos esprits apeurés de son regard de feu, elle nargue autant qu’elle effraie par ses nombreux mystères qui l’entourent…
Trop dur le navet ! C’est dans le navet que l’on taillait d’effrayants visages avant de choisir la citrouille, bien plus facile à sculpter.
Le diable ridiculisé ! La bougie illuminant l’intérieur de notre cucurbitacée vient de la légende irlandaise de Jack-o-Lantern. Un fieffé menteur, rusé, avare et bien porté sur la bouteille, qui réussit à berner par deux fois le diable lui-même. A sa mort, ni le paradis ni l’enfer n’en veut. Condamné à errer jusqu’à la fin des temps dans le noir absolu, il réussit néanmoins à obtenir une dernière faveur du diable, une braise ardente pour illuminer sa lanterne…
On se marre bien… Soir chéri par tous les dentistes, Halloween n’a pas toujours fait les beaux jours des confiseurs. Durant le 19ème siècle, le soir d’Halloween était connut sous le nom de « Nuit des Portes » aux Etats-Unis à cause d’une pratique farceuse qui consistait à dégonder les portes des voisins, puis d’enfumer la maison d’un tel, cacher et déguiser la vache d’un autre…au fil du temps, ces farces sont devenues de moins en moins naïves et bon enfant et certains faits divers tragiques ont incités les autorités à encadrer ces festivités.
La pomme empoisonnée…. Aujourd’hui, nos bambins grimés en monstres, censés représenter les mauvais esprits d’antan, font du porte-à-porte pour remplir leur sac de bonbons sous l’œil alertes des parents. Nous avons tous entendus des cas d’empoisonnement, de lames de rasoirs dissimulées dans des fruits ou des confiseries par des fous psychopathes ! mais y’a-t-il un fond de vérité ou est-ce simplement une légende urbaine ? Un peu des deux…
En 1974 éclate une affaire sordide. Un enfant de huit ans meurt après avoir mangé un bonbon le soir d’Halloween. Très vite, les enquêteurs découvrent que le coupable n’est autre que le père de la victime. Ronald wayne o’bryan, plus connu sous le nom de « Candyman » ou « le tueur d’Halloween », a donné à son fils des bonbons en poudre contenant du cyanure pour toucher l’argent d’une assurance-vie, souscrite quelques temps auparavant. Pour masquer son crime, il a distribué d’autres bonbons empoisonnés à sa fille et d’autres enfants qui n’ont, heureusement, pas eu le temps de les manger. Ronald wayne o’bryan est reconnu coupable et meurt par injection létale en 1984.
Une autre affaire, rocambolesque celle-ci. Dans les années 80 au Japon, un mystérieux groupe dénommé « le monstre aux 21 visages », menace le plus gros confiseur du pays d’empoisonner ses produits s’il ne lui verse pas une rançon de plusieurs millions de dollars. On retire alors tous les produits suspects de la vente, ce qui créer la panique chez les consommateurs. Les produits sont sains. Deuxième menace, deuxième retrait des confiseries. Cette fois, on trouve du cyanure ! Ainsi, ces faits divers, rares, ont participé à la légende des bonbons empoisonnés.
Circuler la nuit d’Halloween présente bien plus de risques. Comme l’a bien compris la municipalité de Churchill, au Manitoba, une patrouille sécurise les rues de la ville le soir d’Halloween afin d’éviter les rencontres fortuites avec des ours polaires. Interdiction formelle de se déguiser en blanc, exit les fantômes !
Impossible de parler d’Halloween sans évoquer les clowns terrifiants ! A l’origine, gentiment drôle, parfois triste mais jamais méchant, le clown s’est transformé au fil du temps (des films ?) en être diabolique ! Son activité commence par des bouffonneries dans la Commedia Dell’arte, sous le personnage d’Arlequin. L’étymologie du nom d’Arlequin viendrait d’Hellequin, signifiant : « esprit malfaisant ». C’est la « Mesnie Hellequin », la cohorte infernale qui, dans les croyances populaires du Moyen-âge, accompagne les sorties nocturnes du Diable en personne !! Alors, notre clown farceur était-il destiné à hanter nos nuits d’horribles cauchemars ?
John wayne gacy, connut sous le pseudonyme du « clown tueur » à été inculpé de 33 meurtres dans les années 70. Un de ses passe-temps était d’animer des anniversaires, déguisé en clown. Mais c’est dans le couloir de la mort, dans l’attente de son exécution, qu’il entreprit de peindre des autoportraits sous les traits d’un clown. Il fut même représenté par un agent et ses toiles exposées dans des galeries. Le clown tueur était né. Pennywise allait suivre….et la coulrophobie* exploser. *coulrophobie : la peur des clowns
Adoptez un chat…mais pas à Halloween ! Plusieurs refuges n’autorisent plus les adoptions de chats noirs 3 jours avant Halloween et 3 jours après. Même si aucun cas de maltraitance lié à la fête n’a été signalé, les refuges ont adoptés cette mesure de prévention pour le bien être des félins, juste au cas où…
L’armée Américaine nous protège ! Queuuuwaa ? ridicule ? Et bien non ! Le Pentagone a créé et rédigé un protocole de défense contre une invasion Zombie !!! Aussi surprenant et délirant que cela puisse paraître, le document dénommé CONPLAN 8888-1 à été élaboré par le Département Américain de la défense dans le but d’entrainer ses forces armées à lutter contre une pandémie qui nous transformerait tous en d’affreux cadavres ambulants et avides de chair humaine! Elle serait également prête contre une invasion visqueuse de zombies magiques ou extraterrestres… En préambule il prévient : « attention, ce plan n’est pas du tout une plaisanterie… » Un incident aurait donné l’idée à quelques officiers de rédiger des scénarios, innovants et ludiques pour leurs soldats afin de lutter contre des morts vivants et rétablir l’ordre public après une telle attaque. En 2006, à Petaluma en Californie, des poulets euthanasiés au monoxydes de carbone ont « survécus » quelques minutes en se traînant sur le sol, escaladant les cadavres de leurs congénères.
Le plaisir d’Halloween Comme vous le voyez, Halloween est une fête différente des autres. Elle aime faire parler d’elle. Est-ce parce qu’elle touche en nous quelque chose qui nous fascine et nous répulse : la peur ? D’ ailleurs, pourquoi aimons-nous avoir peur ? y’a-t-il une réponse logique ? D’ après les scientifiques, le mécanisme de la peur active une cascade de réactions chimiques et de libérations d’hormones ceci afin d’aider notre corps à lutter contre la menace, notre cerveau se met alors en mode « survie » . Face à un danger, réel ou fictif, notre corps va alors produire et libérer des endorphines, de la dopamine, de la sérotonine, de l’adrénaline…un cocktail détonant qui procure du plaisir lorsque l’individu subissant cette peur à conscient d’être en sécurité. Certaines personnes vont développer une dépendance plus ou moins importante à ce plaisir, soit au travers de films d’horreur, de romans ou d’histoires de fantômes racontées la nuit d’Halloween….
Alors faites-vous plaisir, faites-vous peur, mais n’oubliez pas que la magie d’Halloween ne marche que si l’on est en sécurité….
Un autre moyen de se faire plaisir, c’est de manger. Régalez-vous avec une Tarte Crumble-Citrouille, nappage au sirop de Cidre !
Tarte Crumble-Citrouille, nappage au sirop de Cidre
Préparation : 35mn Cuisson : 1h30 8 à 10 selon la gourmandise
Ingrédients – Pâte sucrée 250 gr de farine 100 gr de sucre 100 gr de beurre 2 œufs
Ingrédients – Garniture à la Citrouille 300 gr de citrouille 50 gr de cassonade 2 œufs 20 gr de beurre 150 gr de crème fraiche épaisse 2 cuillères à café de cannelle 1 cuillères à café de gingembre ½ cuillère à café de muscade rapée ½ cuillère à café de clou de girofle moulu ½ d’extrait de Vanille 2 pincées de sel Huile d’arachide
Ingrédients – Crumble 150 gr de farine 120 gr de beurre salé 120 gr de cassonnade
Ingrédients – Sirop de Cidre 50 cl de cidre 50 gr de sucre roux
PréparationPâte sucrée Dans un récipient, mélangez le beurre en pommade, le sucre et les œufs. Incorporez la farine. La pâte doit être bien homogène mais attention à ne pas trop la travailler. Filmez et laissez reposer au frais.
Préparation Garniture à la Citrouille Détaillez la citrouille en gros quartiers, placez-les sur une plaque, badigeonnez-les d’huile et enfournez pour 25-30 mn. Vérifiez la cuisson à l’aide d’une pointe de couteau, la chair doit être fondante. Mixez la chair en purée bien lisse. Dans un récipient, mélangez les œufs, la vanille, la cassonade avec un fouet. Incorporez le beurre préalablement fondu, la purée de Citrouille, la crème fraîche, les épices et le sel. Mélangez bien.
Préparation du Sirop de cidre Dans une casserole, faites bouillir et laissez réduire le cidre avec le sucre environ 40 mn jusqu’à obtention d’un sirop. En refroidissant, il va épaissir.
PréparationCrumble Dans un récipient, mélangez le sucre et la farine. Incorporez le beurre bien froid et malaxez du bout des doigts jusqu’à obtenir une pâte friable et grossière.
Montage de la tarte Etalez la pâte sucrée au rouleau. Beurrez un moule à tarte et foncez-le avec la pâte. Garnissez avec la garniture à la citrouille et émiettez le crumble sur le dessus. Enfournez pour 35-40 mn.
Célébrée le 4ème jeudi de Novembre, cette fête, typiquement Américaine plonge ses racines loin dans le passé. En 1620 débarquent sur le rivage du Massachussetts près de Boston, les passagers du Mayflower qu’on nommera beaucoup plus tard « les Pères Pèlerins ». Ils y fondent une colonie, Plymouth.
Mais les débuts sont difficiles, et la jeune colonie perd la moitié de ses habitants la première année. L’hiver 1621 est rude en ce début d’année et les Colons ne devront leur survie qu’à l’intervention d’une tribu autochtone, les Pokanokets. Ces derniers leur fourniront de la nourriture alors que la jeune Plymouth souffre cruellement de la famine. Ils vont également apprendre aux colons à chasser, à pêcher et à cultiver le maïs. Fort de cette aide salvatrice, la colonie peut fêter ses premières récoltes dès la fin de l’été 1621. A cette occasion, les habitants de Plymouth vont inviter et offrir un repas aux Pokanokets en guise de remerciement. La colonie de Plymouth va alors pouvoir prospérer. C’est ce que les américains d’aujourd’hui célèbrent en fêtant Thanksgiving.
De l’autre coté de la frontière, au Canada, on fête également Thanksgiving( Action de Grâce pour les Francophones ). Mais l’histoire et la date est différente. Suivant une tradition millénaire des sociétés agricoles européennes, les premiers colons Canadiens ont apportés avec eux leurs coutumes, officialisées par une proclamation du Parlement Canadien en 1957 en « créant une journée pour rendre grâce au Dieu Tout-Puissant des récoltes abondantes dont jouit le Canada ». Elle sera fixée au 2ème lundi d’octobre.
Ainsi, l’origine profonde de Thanksgiving en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde remonte à la découverte de l’agriculture au Néolithique où l’on personnifia et divinisa l’acte de récolte et d’abondance. En Europe, d’abord païenne, elle deviendra Chrétienne par syncrétisme. On retrouve nombre de ces fêtes partout dans le monde. En Angleterre, on célèbre la fin des moissons au festival Harvest. Dans la Rome antique, les Cerealia honoraient Cérès, déesse de l’agriculture et des moissons, souvenir de la Démeter grecque. Dans l’Egypte pharaonique c’est la fête de Min… Au Japon, on rend grâce pour les premières récoltes, c’est Niiname-Sai. En France, la traditionnelle fête des moissons à laisser place à quelques foires et démonstrations de machines agricoles.
Le repas traditionnel de Thanksgiving est bien sûr la célèbre dinde accompagnée d’une purée de pomme de terre ou de patate douce suivit d’une tarte à la citrouille.
Voici la recette de la farce pour vos volailles pour un repas convivial.
Farce traditionnelle « Thanksgiving »
Préparation : 30mn 6x
Ingrédients
300gr de chair à saucisse 60gr de lardons ou bacon 2 branches de céleri 1 gros oignon1 pomme 1 /2 pain rassis ou baguette 10cl de bouillon de volaille 10cl de Cognac 1 gousse d’ail Thym, romarin, sauge Sel, poivre Huile d’olive
Préparation
Coupez en dés le céleri, l’oignon et la pomme. Faites suer dans une poêle le céleri, l’oignon et les lardons avec un peu d’huile d’olive. Débarrassez dans un récipient suffisamment grand. Faites revenir la chair à saucisse jusqu’à légère coloration. Débarrassez avec la préparation précédente. Détaillez le pain en croutons et faites griller à la poêle avec un peu d’huile d’olive et l’ail haché. Débarrassez dans le récipient avec les autres préparations. Ajoutez la pomme et les herbes. Mouillez avec le bouillon et le Cognac. Salez, poivrez. Farcir la volaille de votre choix, temps de cuisson en fonction du poids de la volaille. Adaptez les quantités en fonction de la volaille cuisinée.
Une légende dit qu’au 17ème siècle en Autriche, un vigneron, surpris par le gel précoce, vendangea et pressa des raisins encore gelés. Contre toute attente, le résultat fut surprenant. Le Vin de Glace était né !
Trois cent ans plus tard, l’aventure continue…dans la rigueur hivernale du Québec. Cette fois le fruit récolté n’est pas le raisin, mais la pomme. C’est dans les années 1990 qu’un viticulteur de Dunham, dans les Cantons de l’Est, crée la recette du Cidre de Glace en s’inspirant du Vin de Glace. La région, connue pour être le « jardin du Québec », riche en vignobles et vergers, est l’endroit idéal pour l’association de la technique du Vin de Glace avec la pomme. La méthode de fabrication du Cidre de Glace utilise deux procédés. 95% de la production se fait par Cryoconcentration.
Explications : Différentes variétées de pommes sont récoltées en Automne où elles sont stockées jusqu’en hiver. Elles sont ensuite pressées pour en récolter le jus. Le moût ainsi obtenu est placé dans des cuves à l’extérieur, soumis aux grands froids de l’hiver. Les températures négatives vont petit à petit aider à la concentration du sucre, lequel va se séparer de l’eau gelée. Le jus très sucré ainsi obtenu sera mis en fermentation pendant plusieurs mois. La deuxième méthode, plus délicate à mettre en œuvre,consiste à récolter les pommes tard en hiver. La concentration des sucres se fait donc directement dans le fruit gelé sur l’arbre. C’est la Cryoextraction. Malgré sa jeunesse, le Cidre de Glace conquiert et charme par sa fraicheur sucrée aux notes de pommes et de poires. Assuré d’un bel avenir international.
Le Cidre de Glace peut être savoureusement utilisé dans la cuisine, sucrée, ou salée…
Beurre de cidre de glace
Préparation : 10mn
Ingrédients
25 cl de cidre de glace 125 ml de beurre non salé 125 ml de crème fraiche 1 cuillère à soupe de Calvados 1 cuillère à soupe de sucre
Préparation
Dans une casserole, mettre le cidre avec le calvados et le sucre et faire réduire de moitié sur feu moyen. Puis hors du feu, incorporez le beurre froid et la crème jusqu’à ce que le beurre soit complètement fondu. Bien mélanger. Délicieux sur des crêpes ou des pommes au four.
Soupe à l’oignon au Cidre de Glace
Préparation : 10mn Cuisson : 40 minutes 4x
Ingrédients
4 oignons 10 cl de Cidre de Glace 1 litre de bouillon de volaille ou de bœuf 2 cuillères à soupe de farine 50 g de beurre Croutons Gruyère
Préparation
Épluchez et émincez les oignons. Dans une casserole assez large ou un faitout, faites fondre le beurre et laissez-y blondir les oignons. Ils doivent prendre de la coloration sans brûler. Saupoudrez et enrobez bien les oignons avec la farine. Déglacez avec le Cidre de Glace, puis ajoutez le bouillon. Laissez cuire 30 minutes à feu moyen. Servez dans des bols avec des croutons parsemé de gruyère râpé dans la soupe bien chaude. Réconfortant…
Quésaco ? Voici deux villes, un même nom, distantes de 5000 km ! Beaconsfield, située à l’extremité Sud-Ouest de l’île de Montréal au Québec, au bord du Lac Saint-Louis, tire son nom d’un hommage rendu à Benjamin Disraeli, 1er comte de Beaconsfield et premier ministre de la reine Victoria au 19ème siècle, Buckinghamshire, Angleterre. Beaconsfield, Québec ; c’est un certain j-h Menzies, grand admirateur de Disraeli qui donne le nom de celui-ci à une propriété qu’il achète au bord du Lac Saint-Louis. Lorsque la communauté semi-rurale, composée principalement de chalets d’été se constitue en ville en 1910, elle retient le nom donné par Menzies, Beaconsfield. Beaconsfield, Angleterre ; la 1ère preuve écrite de l’existence de Beaconsfield date de 1184. L’étymologie du nom de Beaconsfield n’est pas ce qu’elle semble être. Beacon : balise, phare et Field : champ, clairière. Historiquement donc, un champ où l’on mettait le feu à une construction de bois pour signaler l’approche d’un danger. Mais les premières mentions du village s’écrivent « Bekenesfield ». « Bece » ou « Beke » étant l’ancien nom d’origine saxonne désignant l’Hêtre.La nouvelle signification semblerait être « la clairière au milieu des Hêtres », et expliquerait pourquoi la ville à adoptée l’arbre comme emblème !
Une recette authentique, locale et traditionnelle du Buckinghamshire du 19ème siècle.
Bacon Dumpling
Préparation : 20mn Cuisson : 2h30mn 4x
Ingrédients 500 gr de farine 200 gr de saindoux 3 cuillères à soupe d’eau 12 tranches de bacon sans couenne 2 oignons 2 pommes de terre Sauge Sel de mer, poivre
Préparation
Préparez une pâte avec la farine, le saindoux, une pincée de sel et l’eau. Pétrissez jusqu’à obtention d’une pâte ferme et lisse. Rectifiez les proportions d’eau et /ou de farine si besoin. Etalez cette pâte en un rectangle de 3cm d’épaisseur. Coupez le bacon en petits cubes et étalez sur votre pâte avec les oignons hachés et les pommes de terre épluchées et rapées. Assaisonnez de Sauge, de sel et de poivre.Humidifiez les contours de la pâte et roulez-la sur elle-même, de façon à obtenir un boudin. Scellez les extrémités. Enroulez votre préparation dans du film cuisson, sac cuisson ou du papier sulfurisé, bien fixé aux extrémités.Faire cuire à la vapeur pendant 2h 30. Déballez et coupez de bonnes tranches. Délicieux en apéritif !
Thomas Cook est né en 1808 en Angleterre. C’est en 1841 qu’il organise son premier voyage. Ce menuisier de métier va alors se découvrir une âme d’entrepreneur innovant en créant la première société de voyage au monde ! Ainsi : En 1855, il crée le premier circuit touristique à travers l’Europe, En 1866, 1er voyage organisé en Amérique, En 1869, 1ère croisière sur le Nil à bord d’un bateau à vapeur, En 1872, organisation du 1er tour du monde touristique qui durera 222 jours. Au même moment, Jules Verne publie en France son tour du monde en 80 jours. En 1874, il crée l’ancêtres des chèques vacances, En 1879, il diffuse le 1er catalogue de voyage au monde. Thomas Cook meurt en 1892 à l’âge de 83 ans. En 1900, l’entreprise est leader mondiale dans l’industrie du voyage. En 1896, la société Thomas Cook est nommée agent officiel pour les 1er jeux Olympiques modernes à Athènes.L’entreprise inaugure également le premier voyage trans-Afrique, du Caire au Cap pour une durée de 5 mois dont 1 mois de safari. C’est l’agence Thomas Cook qui, en 1912, vend les billets pour la traversée de l’Atlantique sur le paquebot Titanic ! Finalement, en 1928, la société est vendue à son concurrent direct, la Compagnie des Wagons-Lits, créateurs entre autres du fameux Orient-Express, voie ferroviaire reliant Paris, Vienne et Constantinople.
C’est la Belle Epoque, le luxe, les innovations. Les deux recettes proposées sont typiques et emblématiques de la gastronomie internationale du début du XXème siècle. Suivez-moi pour l’élaboration du consommé de bœuf (un potage clarifié), et un sorbet au Champagne. Deux recettes qui représentent toute la richesse, l’insouciance et le raffinement d’une époque révolue…
En cuisine…
Le Consommé de Bœuf
Préparation : 10min Cuisson : 1h 4x
Ingrédients 1 litre de bouillon de bœuf 150 gr de viande de bœuf haché 1 blanc de poireaux1 tige de céleri 2 carottes 1 échalotte 2 gousses d’ail Sel, poivre
Préparation
Épluchez et émincez finement les légumes. Hachez l’échalotte et les gousses d’ail.Ajoutez le blanc d’œuf à la viande hachée. Mélangez la viande avec les légumes avec un peu d’eau bien froide. Mettre dans un faitout.Y ajouter le bouillon. Mettre sur feu doux, mélangez régulièrement pendant 1h. Une coagulation se forme sur le dessus du bouillon et un « cratère » va apparaître au milieu. Le bouillon devient de plus en plus limpide. Cessez de mélanger pour ne pas perturber la clarification. Passez délicatement une louche au milieu du « cratère » pour récupérer le bouillon clarifié. Procédez délicatement afin de ne pas réintégrer des éléments coagulés dans le bouillon . Passez le bouillon à l’étamine. Consommez tel quel ou servez vous-en comme base de recette (consommé aux morilles, saint-jacques, persil…)
Sorbet au Champagne
Préparation : 15min Cuisson : 2h 4x
Ingrédients ½ bouteille de Champagne 15 cl d’eau 150 gr de sucre semoule 1 orange non traitée
Pour la meringue : 1 blanc d’œuf 40 gr de sucre semoule 40 gr de sucre glace
Préparation
Dans une casserole, préparez un sirop avec 15 cl d’eau et 150 gr de sucre. Incorporez le zeste d’une orange et mettez à ébullition. Retirez les zestes, laissez refroidir et ajoutez le jus de l’orange avec la demi-bouteille de Champagne. Mettre au congélateur. Pendant ce temps, préparez la meringue. Montez les blancs fermes. Incorporez le sucre semoule et glace lorsque les blancs commencent à mousser et à doubler de volume.Mélangez l’appareil glacé et incorporez la meringue. Remettez au congélateur.